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Messages choisis volume 1
tations, m’a clouée au lit pendant onze mois. Parfois j’éprouvais
une grande détresse. Ne pouvant dormir que deux heures environ
dans une même position, il fallait me déplacer pour me permettre de
prendre une autre position. Mon matelas d’air comprimé ne m’of-
frait que peu de soulagement, et je traversai des périodes d’intenses
souffrances.
Je n’ai pas cessé de travailler pour cela. Mon bras droit, depuis
le coude jusqu’au bout des doigts, était exempt de douleur ; la partie
supérieure du bras, l’autre bras et les deux épaules ne pouvaient
remuer sans l’aide de quelqu’un. On imagina un cadre qui me permit
d’écrire. Au cours de ces onze mois j’ai couvert d’écriture deux
mille cinq cents pages qui franchirent l’océan Pacifique pour être
publiées en Amérique.
Je suis si reconnaissante envers le Seigneur : il ne me déçoit
jamais ; il m’accorde force et grâce. Alors que je me tenais auprès
de mon mari mourant j’ai placé ma main dans la sienne et lui ai
demandé : “Me reconnais-tu, mon époux ?” Il fit un signe affirmatif.
J’ajoutai : “Pendant de longues années je t’ai laissé porter le far-
deau des responsabilités administratives, avec le soin de lancer de
nouvelles entreprises. Je promets d’être moi-même, désormais, un
pionnier.” Je dis encore : “Si tu me comprends, presse ma main un
peu plus fort”, ce qu’il fit, ne pouvant parler.
Après que mon mari eut été enseveli, ses amis eurent la pensée
de placer sur sa tombe une colonne brisée en guise de monument.
“Jamais, au grand jamais, dis-je. Il a accompli à lui tout seul le travail
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de trois hommes. Jamais on ne placera un monument brisé sur sa
tombe !”...
Dieu m’a soutenue. Aujourd’hui je glorifie son nom en présence
de son peuple. J’ai passé près de dix années en Australie. Une œuvre
merveilleuse y a été accomplie, mais beaucoup plus eût pu être fait
si nous avions eu les hommes et les moyens nécessaires. Néanmoins
nous remercions Dieu de nous avoir soutenus de sa présence et de
ce qu’il nous est donné de voir maintenant dans ce champ comme
résultat des efforts déployés. — Manuscrit 8, 1904.