Page 51 - Les Paraboles de J

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L’ivraie
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auraient pu douter de sa justice et de son amour. Or, un doute sur la
bonté divine eût été semblable à une mauvaise semence qui aurait
produit un fruit amer de péché et de misère. C’est pourquoi Satan
fut épargné, afin de lui permettre de manifester pleinement son ca-
ractère. Depuis de longs siècles, le Seigneur a supporté le spectacle
angoissant du mal. Il a consenti au don infini du Calvaire plutôt que
de voir des âmes séduites par le malin, car il n’était pas possible
d’arracher l’ivraie sans mettre en danger l’existence du bon grain.
N’aurions-nous pas autant de patience à l’égard de nos semblables
que le Seigneur du ciel et de la terre à l’égard de Satan ?
Le monde n’a aucune raison de douter des vérités chrétiennes
parce qu’il y a des membres indignes dans l’Eglise ; et les chrétiens, à
leur tour, ne doivent pas se décourager parce qu’ils coudoient de faux
frères. Considérez un instant l’Eglise primitive. Ananias et Saphira
s’étaient joints aux disciples ; Simon le magicien avait été baptisé ;
Démas, avant d’abandonner Paul, avait été du nombre des croyants ;
Judas Iscariot était un apôtre. Le Rédempteur ne veut pas perdre une
seule âme, et ses rapports avec Judas nous ont été rapportés pour
nous montrer sa longue patience à l’égard de la perversité humaine.
Il nous exhorte à la supporter comme il l’a supportée lui-même. Il
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nous déclare qu’il y aura jusqu’à la fin des faux frères dans l’Eglise.
Malgré les avertissements de Jésus, des hommes ont essayé
d’arracher l’ivraie ; et pour punir ceux qui étaient supposés faire
le mal, l’Eglise a eu recours au pouvoir temporel. Ceux qui ne
reconnaissaient pas les doctrines officielles ont été emprisonnés,
torturés, mis à mort à l’instigation d’hommes qui prétendaient agir
avec l’assentiment du Christ. Mais cet esprit n’est pas le sien, c’est
celui de Satan qui inspire de tels actes.
La persécution est la tactique de Satan pour placer le monde
sous sa dépendance. En infligeant de tels traitements à ceux qu’elle
croyait dans l’erreur, l’Eglise a donné de Dieu une caricature.
La parabole du Seigneur nous apprend à nous défier de nous-
mêmes et à rester dans l’humilité, ainsi qu’à nous abstenir de juger
et de condamner les autres. Tout ce qui est semé dans le champ
n’est pas du bon grain et le fait d’appartenir à l’Eglise ne prouve pas
nécessairement que l’on soit chrétien.