Page 119 - La Trag

Basic HTML Version

Chapiter 7 — Luther se sépare de Rome
115
de ceux qui avaient reçu de lui la lumière furent les objets de la haine
de Satan et endurèrent courageusement la souffrance et la mort pour
l’amour de la vérité.
Les enseignements de Luther retenaient dans toute l’Allemagne
l’attention des hommes réfléchis. De ses sermons et de ses écrits
émanaient des flots de lumière qui éclairaient des milliers de cher-
cheurs. Une foi vivante se substituait au formalisme qui enchaînait
l’Eglise, et abattait les superstitions de Rome. Les préjugés tom-
baient. La Parole de Dieu, à laquelle Luther soumettait toute doctrine
et toute prétention, était une épée à deux tranchants qui pénétrait
dans les cœurs. Partout se manifestait le désir de progresser dans
[141]
la vie spirituelle. De toutes parts on constatait une faim et une soif
de justice qu’on n’avait pas vues depuis des siècles. Les regards du
peuple, si longtemps fixés sur des rites et des médiateurs humains,
se tournaient maintenant, suppliants et enthousiastes, vers le Christ
crucifié.
Cet intérêt général aviva les craintes des autorités de l’Eglise
romaine. Luther fut sommé de se rendre à Rome pour y répondre de
l’accusation d’hérésie. Cette sommation terrifia ses amis. Connais-
sant trop bien les dangers auxquels il serait exposé dans cette ville
corrompue, déjà ivre du sang des martyrs de Jésus, ils protestèrent
contre son départ et demandèrent qu’il fût jugé en Allemagne.
Cette proposition finit par être agréée, et un légat fut désigné pour
diriger le procès. Dans les instructions que le pape lui donnait, le
légat avait ordre de “poursuivre et de contraindre sans aucun retard...
ledit Luther, qui a déjà été déclaré hérétique”. “S’il persiste dans
son opiniâtreté, ajoutait le pape, et que vous ne puissiez vous rendre
maître de lui, nous vous donnons le pouvoir de le proscrire dans tous
les lieux de l’Allemagne, de bannir, de maudire, d’excommunier
tous ceux qui lui sont attachés, et d’ordonner à tous les chrétiens de
fuir sa présence.” En outre, pour assurer l’extirpation complète de
cette hérésie, le pape ordonnait d’excommunier, quelle que fût leur
dignité dans l’Eglise ou dans l’Etat, l’empereur excepté, toutes les
personnes qui refuseraient d’arrêter Luther ou ses adhérents, pour
les livrer à la vindicte de Rome.
Ici se révélait le véritable esprit de la papauté. Dans tout ce docu-
ment, aucune trace de christianisme ou même de justice élémentaire.
Luther était à une grande distance de Rome ; il n’avait eu aucune oc-