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Chapiter 7 — Luther se sépare de Rome
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l’étranger pâlit et s’enfuit, comme s’il s’était trouvé en la présence
d’un ange.
Ses enseignements se répétaient en tous lieux, dans les chau-
mières et les couvents, dans les demeures des bourgeois et les châ-
teaux des nobles, dans les académies et les palais des rois. De tous
côtés, des hommes de cœur se levaient pour seconder le réformateur.
Vers ce temps-là, Luther, lisant les ouvrages de Hus, constata que
la grande vérité de la justification par la foi avait aussi été enseignée
par le réformateur de la Bohême. “Tous, s’écrie-t-il, Paul, Augustin
et moi nous sommes hussites sans le savoir.” “Dieu fera sans doute
savoir au monde que la vérité lui a été présentée il y a un siècle, et
qu’il l’a brûlée
!”
Dans un appel à l’empereur et à la noblesse d’Allemagne en
faveur de la réformation de la chrétienté, Luther, parlant du pape,
écrivait : “C’est une chose horrible de voir celui qui s’appelle le
vicaire de Jésus-Christ déployer une magnificence que celle d’aucun
empereur n’égale. Est-ce là ressembler au pauvre Fils de Dieu ou à
l’humble saint Pierre ? Il est, prétendent-ils, le Seigneur du monde !
Mais Jésus, dont il se vante d’être le vicaire, a dit : Mon règne n’est
pas de ce monde. Le règne d’un vicaire s’étendrait-il au-delà de
celui de son Seigneur ?”
Parlant des universités, il écrivait : “Je crains fort que les univer-
sités ne soient de grandes portes de l’enfer, si l’on ne s’applique pas
avec soin à y expliquer la sainte Ecriture et à la graver dans le cœur
des jeunes gens. Je ne conseille à personne de placer son enfant là
où l’Ecriture ne règne pas. Toute institution où l’on ne consulte pas
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sans relâche la Parole de Dieu est vouée à la corruption.” Cet appel,
qui eut un immense retentissement, ne tarda pas à se répandre dans
toutes les parties de l’Allemagne. La nation entière en fut émue, et
des foules se rallièrent sous les étendards de la Réforme.
Brûlant du désir de se venger, les ennemis de Luther pressaient
le pape de prendre contre lui des mesures décisives. Il fut décrété
que sa doctrine serait immédiatement condamnée. Soixante jours lui
furent donnés à lui et à ses adhérents pour se rétracter, ou, en cas de
refus, être excommuniés.
1. Wylie, liv. VI, chap. I.