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Chapiter 8 — Luther à la diète de Worms
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La Réforme n’a pas pris fin avec Luther, comme beaucoup le
supposent. Elle doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’histoire de
l’humanité. Luther avait une grande tâche : celle de communiquer
au monde la lumière que Dieu avait fait briller sur son sentier ; et
pourtant, il ne la possédait pas tout entière. De son temps à nos jours,
des lumières nouvelles n’ont cessé de jaillir des pages des saintes
Ecritures.
La diète nomma aussitôt une commission chargée de prépa-
rer une liste des exactions papales qui pesaient si lourdement sur
le peuple allemand. Ce catalogue, qui contenait cent et un griefs,
fut présenté à l’empereur avec la requête instante de prendre des
mesures immédiates pour faire cesser ces abus. “Que d’âmes chré-
tiennes perdues !” disaient les pétitionnaires, “que de dépravations,
que d’extorsions résultent des scandales dont s’entoure le chef spi-
rituel de la chrétienté ! Il faut prévenir la ruine et le déshonneur de
notre peuple. C’est pourquoi, tous ensemble, nous vous supplions
très humblement, mais de la manière la plus pressante, d’ordonner
une réforme générale, de l’entreprendre et de l’accomplir.”
La diète exigea alors qu’on fit comparaître le réformateur. En
dépit des objurgations, des protestations et des menaces d’Aléandre,
l’empereur finit par y consentir. La convocation était accompagnée
d’un sauf-conduit promettant que Luther serait ramené en lieu sûr.
Ces deux documents furent portés à Wittenberg par un héraut chargé
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d’escorter le réformateur.
Les amis de Luther furent terrifiés. Connaissant la haine de ses
ennemis, ils craignaient que le sauf-conduit ne fût pas respecté, et ils
le suppliaient de ne pas exposer sa vie. Il leur répondit : “Les papistes
ne désirent pas ma comparution à Worms, mais ma condamnation et
ma mort. N’importe ! Priez, non pour moi, mais pour la Parole de
Dieu. ... Le Christ me donnera son Esprit pour vaincre les ministres
de l’erreur. Je les méprise pendant ma vie, et j’en triompherai par ma
mort. On s’agite à Worms pour me contraindre à me rétracter. Voici
quelle sera ma rétractation : J’ai dit autrefois que le pape était le
vicaire du Christ ; maintenant je dis qu’il est l’adversaire du Seigneur
et l’apôtre du diable.”
Luther n’allait pas être seul à faire ce périlleux voyage. Outre le
messager impérial, trois de ses meilleurs amis décidèrent de l’ac-
compagner. Mélanchthon désirait ardemment se joindre à eux. Uni