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La Tragédie des Siècles
de toutes ses forces à la recherche de la vérité divine, conscient,
selon l’expression d’un de ses contemporains, de tout ce que devait
savoir celui qui a charge du troupeau de Jésus-Christ. Plus il sondait
les Ecritures, plus lui apparaissait vif le contraste entre la vérité
et les hérésies de Rome. Acceptant la Bible comme la Parole de
Dieu, règle infaillible et suffisante de la foi et de la vie, il comprenait
qu’elle doit être son propre interprète. Mais comme il n’osait se
servir des Ecritures pour étayer des doctrines préconçues, il estimait
qu’il était de son devoir d’en connaître les enseignements positifs et
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évidents. Après avoir eu recours à tous les moyens dont il disposait
pour en obtenir une parfaite intelligence, il implorait l’assistance du
Saint-Esprit, chargé, selon lui, d’en révéler le sens à tous ceux qui le
lui demandent sincèrement.
“L’Ecriture, disait Zwingle, vient de Dieu et non de l’homme.
Quiconque est éclairé d’en haut comprend que son langage est celui
de Dieu. La Parole de Dieu ... ne saurait errer ; elle est lumineuse, elle
enseigne, elle révèle, elle illumine l’âme par le salut et par la grâce ;
elle console en Dieu ; elle humilie au point qu’on s’oublie pour ne
penser qu’à Dieu.” Zwingle avait lui-même éprouvé la véracité de
ces paroles. Il écrivait plus tard, en parlant de cette époque : “Quand
... je commençai à m’adonner entièrement à l’étude de la Parole
de Dieu, la philosophie et la scolastique venaient constamment me
chercher querelle. J’en vins enfin à cette conclusion : il faut que je
laisse tout cela derrière moi et que je cherche la lumière de Dieu
uniquement dans sa Parole. Je demandai alors à Dieu sa lumière,
et l’étude des Ecritures commença à me devenir beaucoup plus
facile
Ce n’est pas de Luther que Zwingle reçut la vérité. “Si Luther
prêche le Christ, disait le réformateur suisse, il fait ce que je fais ;
ceux qui ont été amenés par lui au Sauveur surpassent en nombre
ceux qui l’ont été par moi. N’importe ! je ne veux porter d’autre nom
que celui de Jésus-Christ dont je suis le soldat, et qui seul est mon
chef. Jamais un seul trait de lettre n’a été écrit par moi à Luther, ni
par Luther à moi. Et pourquoi ? ... Afin de montrer à tous combien
l’Esprit de Dieu est en harmonie avec lui-même, puisque, sans nous
1. Schuler et Schulthess,
Zwingli 1 :81
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