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Chapiter 9 — Le réformateur suisse
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elle-même et en recherchant l’intelligence par de constantes et ar-
dentes prières. C’est à la gloire et à la louange de Dieu, de son Fils
unique ; c’est au salut des âmes, et à leur enseignement dans la vraie
foi, que je consacrerai mon ministère.” Quelques ecclésiastiques le
désapprouvèrent. Mais Zwingle demeura ferme, déclarant qu’il ne se
proposait d’introduire aucune innovation : il ne faisait que retourner
aux usages de l’Eglise dans ses plus beaux jours.
Déjà les vérités qu’il enseignait avaient éveillé l’intérêt et l’on
se pressait en foule à ses prédications. Plusieurs personnes qui ne
fréquentaient plus l’Eglise depuis longtemps étaient au nombre de
ses auditeurs réguliers. Il commença son ministère en lisant et en
commentant devant ses paroissiens la narration inspirée de la vie,
des enseignements et de la mort de Jésus. Là, comme à Einsiedeln,
il présenta la Parole de Dieu comme la seule autorité infaillible,
et la mort du Sauveur comme le seul sacrifice suffisant. “C’est à
Jésus-Christ, disait-il, que je veux vous conduire ; à celui qui est
la vraie source du salut.” Des gens de toutes classes, magistrats et
étudiants, artisans et paysans, se réunissaient autour du réformateur
et l’écoutaient avec le plus profond intérêt. Non seulement il procla-
mait le salut, mais il dénonçait hardiment les vices de son temps. En
quittant la cathédrale, plusieurs louaient Dieu. “Celui-ci, disaient-ils,
est un prédicateur de la vérité ! Il sera notre Moïse, pour nous sortir
des ténèbres d’Egypte.”
A l’enthousiasme des premiers moments succéda une période
d’opposition. Les moines se mirent en devoir d’entraver l’œuvre de
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Zwingle et de condamner ses enseignements. Les uns riaient et se
moquaient ; les autres se livraient aux outrages et aux menaces, mais
Zwingle supportait tout avec patience et disait : “Si l’on veut gagner
les méchants à Jésus-Christ, il faut fermer les yeux sur beaucoup de
choses.”
Vers ce temps-là, un nouvel auxiliaire vint accélérer les progrès
de la Réforme. Un certain Lucien, envoyé de Bâle par un ami de
la foi réformée, arriva un jour à Zurich avec une provision d’écrits
de Luther. Le Bâlois, pensant que la vente de ces ouvrages pourrait
jouer un grand rôle dans la diffusion de la lumière, écrivit à Zwingle :
“Voyez si ce Lucien possède assez de prudence et d’habileté ; s’il en
est ainsi, qu’il porte de ville en ville, de bourg en bourg, de village
en village, et même de maison en maison, parmi les Suisses, les