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Chapiter 9 — Le réformateur suisse
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sie, pas de contestations. D’où peut venir une telle union, si ce n’est
du Seigneur, et une telle doctrine, qui nous remplit des fruits de la
paix et de la piété
?”
Les victoires de la Réforme rendirent les partisans de Rome plus
déterminés encore à enrayer le mouvement. A la vue des maigres
résultats que la persécution et la proscription des livres de Luther
avaient eus en Allemagne, ils résolurent de combattre la Réforme
par ses propres armes. Une dispute avec Zwingle fut proposée. Pour
être certains de la victoire, ils se réservèrent le choix du lieu et des
arbitres. S’assurant que l’unique moyen d’avoir raison de la nouvelle
foi serait de réduire ses chefs au silence, ils étaient bien décidés à
ne pas laisser échapper Zwingle, si jamais il leur tombait entre les
mains. Ce complot s’ourdissait dans le plus grand secret.
La dispute devait avoir lieu à Bade, mais Zwingle ne s’y rendit
pas. Le conseil de Zurich soupçonna les desseins des ennemis du
réformateur. Voyant les bûchers qui s’élevaient dans les cantons
catholiques à l’intention des confesseurs de l’Evangile, il défendit à
son pasteur de s’exposer à ce danger. Quant à Zwingle, il était prêt à
rencontrer à Zurich tous les délégués que Rome pourrait y envoyer ;
mais aller à Bade, où le sang des martyrs venait de couler, c’était
courir à une mort certaine. Œcolampade et Haller furent choisis pour
représenter le réformateur, tandis que Eck, le porte-parole de Rome,
était secondé par une armée de savants docteurs et de prélats.
Bien que Zwingle ne fût pas présent à la conférence, il y fit
néanmoins sentir son influence. Les secrétaires étaient tous choisis
parmi les ennemis de la Réforme et il était défendu à d’autres de
prendre des notes sous peine de mort. Malgré cela, Zwingle rece-
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vait chaque jour un rapport fidèle de ce qui se faisait à Bade. Un
étudiant, qui assistait à la dispute, faisait chaque soir un relevé des
arguments présentés au cours de la journée. Deux autres étudiants
étaient chargés de remettre chaque jour ces résumés à Zwingle avec
les lettres quotidiennes d’Œcolampade. Le réformateur y répondait
en ajoutant ses conseils et ses suggestions. Ses lettres, écrites la nuit,
étaient portées à Bade le lendemain matin par les étudiants. Ceux-ci,
pour tromper la vigilance des gardes placés aux portes de la ville, y
entraient portant des paniers de volaille sur la tête.
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Zwingli 7 :389
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