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Chapiter 11 — La protestation des princes
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Le roi Ferdinand, représentant de l’empereur à la diète, comprit
que, s’il ne réussissait pas à amener les princes à accepter et à sou-
tenir le décret, celui-ci occasionnerait de sérieuses divisions. Et se
doutant bien qu’user de la contrainte avec de tels hommes, c’était les
rendre plus déterminés encore, il tenta de les persuader, et “supplia
les princes d’accepter le décret, les assurant que l’empereur leur en
saurait un gré infini”. Ces hommes courageux, s’inclinant devant
une autorité supérieure à celle des rois de la terre, répondirent avec
calme : “Nous obéirons à l’empereur dans tout ce qui peut contribuer
au maintien de la paix et à l’honneur de Dieu.”
Sans tenir compte de cette déclaration, le roi annonça enfin,
en pleine diète, “que l’édit allait être rédigé sous forme de décret
impérial”. Puis il annonça à l’électeur de Saxe et à ses amis qu’“il
ne leur restait plus qu’à se soumettre à la majorité”. Cela dit, il se
retira de l’assemblée, sans donner aux réformateurs l’occasion de lui
répondre. En vain, ils lui envoyèrent une députation pour le prier de
revenir. “C’est une affaire réglée, répondit le roi, il n’y a plus qu’à
se soumettre.”
Bien que le parti impérial sût que les princes chrétiens étaient
déterminés à considérer les saintes Ecritures comme supérieures
aux doctrines et aux lois humaines, et que là où ce principe était
reconnu l’autorité du pape serait tôt ou tard abolie, il croyait que la
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cause de l’empereur et du pape était la plus forte. Si les réformateurs
avaient compté sur le seul secours de l’homme, ils eussent été aussi
impuissants que les partisans du pape le supposaient. Mais leur force
allait se révéler. Ils en appelèrent “du décret de la diète à la Parole
de Dieu, et de l’empereur Charles à Jésus-Christ, le Roi des rois et
le Seigneur des seigneurs”.
Sans tenir compte de l’absence de Ferdinand qui n’avait pas
respecté leur liberté de conscience, ils rédigèrent et présentèrent
sans délai devant l’assemblée nationale la solennelle déclaration
suivante :
“Nous PROTESTONS par les présentes, devant Dieu, notre
unique Créateur, Conservateur, Rédempteur et Sauveur, qui un jour
sera notre Juge, ainsi que devant tous les hommes et toutes les
créatures, que, pour nous et pour les nôtres, nous ne consentons ni
n’adhérons en aucune manière au décret proposé, dans la mesure où
il est contraire à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience et