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La Tragédie des Siècles
au salut de nos âmes. Quoi ! nous déclarerions, en adhérant à cet édit,
que si le Dieu tout-puissant appelle un homme à sa connaissance,
cet homme n’est pas libre de la recevoir !...”
Ils ajoutaient : “Il n’est de doctrine certaine que celle qui est
conforme à la Parole de Dieu ; ... le Seigneur défend d’en enseigner
une autre ; ... chaque texte de la sainte Ecriture devant être expliqué
par d’autres textes plus clairs, ce saint Livre est, dans toutes les
choses nécessaires au chrétien, facile et propre à dissiper les ténèbres.
Nous sommes donc résolus, avec la grâce de Dieu, à maintenir
la prédication pure et exclusive de sa seule Parole, telle qu’elle
est contenue dans les livres bibliques de l’Ancien et du Nouveau
Testament, sans rien ajouter qui lui soit contraire. Cette Parole est la
seule vérité ; elle est la norme assurée de toute doctrine et de toute
vie, et ne peut jamais ni faillir ni se tromper. Celui qui bâtit sur ce
fondement résistera à toutes les puissances de l’enfer, tandis que
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toutes les vanités humaines qu’on lui oppose tomberont devant la
face de Dieu. ...
” Voilà pourquoi nous rejetons le joug qu’on nous impose. ...
En même temps, nous nous flattons que sa Majesté impériale se
comportera à notre égard comme un prince chrétien qui aime Dieu
par-dessus toutes choses ; et nous nous déclarons prêts à lui rendre,
ainsi qu’à vous tous, gracieux seigneurs, toute l’affection et toute
l’obéissance qui sont notre juste et légitime devoir.”
Cette lecture produisit une vive impression sur la diète. La har-
diesse des protestataires étonna et alarma la majorité. L’avenir leur
apparut sombre et orageux. Les dissensions, les conflits et l’effu-
sion de sang paraissaient inévitables. Les réformateurs, au contraire,
certains de la justice de leur cause, et se reposant sur le bras du
Tout-Puissant, étaient remplis d’un courage inébranlable.
“Les principes contenus dans cette célèbre Protestation... consti-
tuent l’essence même du protestantisme. Elle s’élève contre deux
abus de l’homme dans les choses de la foi : l’intrusion du magis-
trat civil et l’autorité arbitraire du clergé. A la place de ces deux
abus, le protestantisme établit, en face du magistrat, le pouvoir de
la conscience ; et en face du clergé, l’autorité de la Parole de Dieu.
D’abord, il récuse le pouvoir civil dans les choses divines et dit,
comme les apôtres et les prophètes :
Il faut obéir à Dieu plutôt
qu’aux hommes
. Sans porter atteinte à la couronne de Charles Quint,