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Chapiter 11 — La protestation des princes
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il maintient la couronne de Jésus-Christ. Mais il va plus loin : il éta-
blit que tout enseignement humain doit être subordonné aux oracles
de Dieu.” Les protestataires ne prétendaient pas seulement au droit
de croire et de pratiquer leur foi, mais aussi à celui d’exprimer li-
brement ce qu’ils estimaient être la vérité ; et ils contestaient aux
prêtres et aux magistrats le droit de les en priver. La protestation
de Spire s’élevait solennellement contre l’intolérance religieuse et
affirmait catégoriquement le droit de tout homme à servir Dieu selon
sa conscience.
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Cette déclaration, bientôt gravée dans des milliers de mémoires,
fut enregistrée dans les livres du ciel, d’où aucun effort humain ne
pouvait l’effacer. Toute l’Allemagne évangélique adopta la protes-
tation comme l’expression de sa foi. Dans ce manifeste, chacun
voyait le présage d’une ère nouvelle et meilleure. L’un des princes
dit aux signataires de Spire : “Que le Dieu tout-puissant qui vous a
fait la grâce de le confesser publiquement, librement et sans aucune
crainte vous conserve dans cette fermeté chrétienne jusqu’au jour de
l’éternité.”
Si, après avoir obtenu un certain succès, la Réforme avait
consenti à temporiser pour obtenir la faveur du monde, elle eût
été infidèle à Dieu et à elle-même, et eût ainsi préparé sa ruine.
L’histoire de ces nobles réformateurs contient un enseignement pour
tous les siècles à venir. La tactique de Satan contre Dieu et contre
sa Parole n’a pas changé ; il est tout aussi opposé aujourd’hui qu’au
seizième siècle à ce que la Parole de Dieu soit la règle de la foi et de
la vie. Il existe, de nos jours, une forte tendance à s’éloigner de la
saine doctrine ; il est donc nécessaire de revenir au grand principe
protestant : les Ecritures
seule règle de la foi et de la vie
. La puis-
sance antichrétienne rejetée par les protestataires de Spire travaille
avec une énergie accrue à reconquérir sa suprématie perdue. Un
attachement indéfectible à la Parole de Dieu, tel celui dont firent
preuve les réformateurs, est, à cette heure de crise, la seule espérance
de toute œuvre de réforme.
Divers indices faisaient craindre pour la sécurité des protestants ;
certains faits, en revanche, montraient que la main de Dieu était
prête à les protéger. Vers ce temps-là, “Mélanchthon conduisait
précipitamment vers le Rhin, à travers les rues de Spire, son ami
Simon Grynéus, le pressant de traverser le fleuve. Comme celui-ci