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La Tragédie des Siècles
de Worms. Maintenant, à sa place, comparaissaient les princes les
plus nobles et les plus puissants de l’empire. Luther n’avait pas été
autorisé à se rendre à Augsbourg, mais il s’y trouvait par ses prières
et par ses paroles : “Je tressaille de joie, disait-il, de ce qu’il m’est
donné de vivre à une époque où Jésus-Christ est publiquement exalté
par de si illustres confesseurs, et dans une si glorieuse assemblée.”
Ainsi s’accomplit cette déclaration de l’Ecriture : “Je parlerai de tes
préceptes devant les rois, et je ne rougirai point
Au temps de l’apôtre Paul, et grâce à sa captivité, l’Evangile
avait été porté dans la ville impériale et jusqu’à la cour. De même,
en ce jour mémorable, le message que l’empereur avait défendu
de prêcher du haut de la chaire était annoncé dans son palais. Les
paroles que plusieurs avaient considérées comme malséantes devant
les serviteurs, étaient écoutées avec étonnement par les maîtres de
la terre. Rois et grands seigneurs formaient l’auditoire ; des princes
couronnés jouaient le rôle de prédicateurs, et le sermon était consacré
à la vie éternelle. “Depuis le temps des apôtres, disait-on, il n’y a
pas eu d’œuvre plus grande, ni de confession plus magnifique.”
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“Tout ce que les Luthériens ont dit est vrai, s’écriait l’évêque
d’Augsbourg ; nous ne pouvons le nier.” “Pouvez-vous, avec de
bonnes raisons, réfuter la confession de foi établie par l’électeur
et ses alliés ? demandait-on au docteur Eck. — Avec les écrits des
apôtres et des prophètes, non... ; mais avec ceux des Pères et des
conciles, oui ! — Je comprends, reprit vivement son interlocuteur ;
selon vous, les luthériens sont dans l’Ecriture, et nous en dehors.”
Quelques princes allemands furent gagnés à la foi réformée.
L’empereur lui-même déclara que les articles protestants exprimaient
réellement la vérité. La confession fut traduite en plusieurs langues
et répandue dans toute l’Europe ; elle a été, depuis, et jusqu’à nos
jours, acceptée comme l’expression de leur foi par des millions de
croyants.
Les fidèles serviteurs de Dieu ne travaillaient pas seuls. Alors
que les “dominations, les autorités, les princes de ce monde de
ténèbres et les esprits méchants dans les lieux célestes” se liguaient
contre eux, le Seigneur ne les oubliait pas. Si leurs yeux avaient
été ouverts, ils auraient vu, de même que le prophète Elisée, des
1.
Psaumes 119 :46
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