Page 183 - La Trag

Basic HTML Version

Chapiter 11 — La protestation des princes
179
preuves manifestes de la présence et du secours de Dieu. Quand
son serviteur lui montrait les armées ennemies qui les entouraient et
rendaient inutile toute tentative de fuite, le prophète, s’adressant à
Dieu, avait prié : “Eternel, ouvre ses yeux, pour qu’il voie
” Et voici,
la montagne était “pleine de chevaux et de chars de feu” tout autour
d’Elisée. Les cohortes célestes étaient là pour protéger l’homme
de Dieu. C’est ainsi que les anges veillaient sur les ouvriers de la
Réforme.
Luther avait pour principe de ne pas recourir à la puissance sé-
culière ni aux armes pour défendre la cause de Dieu. Il se réjouissait
de voir l’Evangile confessé par les princes de l’empire ; mais quand
ces derniers proposèrent de faire une alliance défensive, il déclara
[220]
que “la doctrine de l’Evangile devait être défendue
par Dieu seul
”. Il
“croyait que moins les hommes s’en mêleraient, plus l’intervention
divine serait éclatante”. Toutes les précautions humaines envisagées
lui semblaient dictées par un coupable manque de foi.
Quand des ennemis puissants s’unissaient pour renverser la foi,
quand des milliers d’épées semblaient prêtes à sortir du fourreau
pour la faire disparaître, Luther écrivait : “Satan fait éclater sa fu-
reur ; des pontifes impies conspirent ; et l’on nous menace de la
guerre. Exhortez le peuple à combattre vaillamment devant le trône
du Seigneur par la foi et par la prière, afin que nos ennemis, vaincus
par l’Esprit de Dieu, soient contraints à la paix. Le premier besoin,
le premier travail, c’est la prière ; que le peuple sache qu’il est main-
tenant exposé aux tranchants des épées et aux fureurs du diable, et
qu’il se mette à prier.”
Plus tard encore, faisant allusion à l’alliance projetée par les Etats
évangéliques, Luther disait que “l’épée de l’Esprit” était la seule
arme qu’il fallait employer dans cette guerre. Il écrivait à l’électeur
de Saxe : “Nous ne pouvons en conscience approuver l’alliance
qu’on nous propose. Plutôt mourir dix fois que de voir notre Evangile
faire couler une seule goutte de sang ! Nous devons accepter d’être
comme des brebis menées à la boucherie. La croix du Christ doit être
portée. Que votre Altesse soit sans aucune crainte. Nous ferons plus
par nos prières que nos ennemis par leurs fanfaronnades. Surtout,
que vos mains ne se souillent pas du sang de vos adversaires. Si
1.
2 Rois 6 :17
.