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Chapiter 1 — La destruction de Jérusalem
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et sans abri, repoussé et méconnu, il avait vécu pour soulager la
souffrance, suppliant les hommes d’accepter le don de la vie. Les
vagues de la miséricorde, repoussées par des cœurs obstinés, re-
fluaient en ondes d’amour inexprimable. Mais Israël s’était détourné
de son meilleur Ami et de son unique Libérateur. Il avait dédaigné
ses supplications, méprisé ses conseils et tourné en dérision ses
avertissements.
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L’heure de la grâce et du pardon s’envolait rapidement ; la coupe
de la colère de Dieu, si longtemps différée, était presque pleine. Les
sombres nuages que des siècles d’apostasie et de révolte avaient
accumulés, alors gros de menaces, allaient éclater sur la nation cou-
pable. Israël rejetait celui qui seul pouvait le sauver de la ruine
imminente et se préparait à le crucifier. Quand le Sauveur sera sus-
pendu au bois, les jours de ce peuple favorisé de Dieu seront révolus.
La perte d’une âme est une calamité qui éclipse tous les gains et
les trésors du monde. En contemplant Jérusalem, le Sauveur voit la
perte d’une ville, d’une nation tout entière ; et quelle ville, quelle
nation ! Celle qui a été l’élue de Dieu, son trésor particulier !
Les prophètes s’étaient lamentés sur l’apostasie d’Israël et sur
les terribles calamités que ses péchés lui préparaient. Jérémie avait
souhaité que ses yeux fussent changés en “une source de larmes
pour pleurer nuit et jour les morts de la fille de son peuple”, ainsi
que le “troupeau de l’Eternel”, emmené en captivité
Aussi quel
devait être le chagrin de celui dont le regard prophétique — em-
brassant non seulement les années, mais les siècles — contemplait
l’épée de l’ange destructeur dégainée contre une ville qui avait été
si longtemps la demeure de Jéhovah !
Du haut de la colline des Oliviers, du lieu même que devaient oc-
cuper plus tard les armées de Titus, Jésus, les yeux voilés de larmes,
regarde, à travers la vallée, les portiques sacrés du temple. Une vision
terrifiante s’offre à ses yeux : il voit une armée étrangère entourant
la muraille de Jérusalem; il perçoit le bruit sourd des légions en
marche ; il entend monter, de la ville assiégée, les lamentations des
femmes et des enfants demandant du pain ; il assiste à l’incendie de
la sainte demeure, de ses palais et de ses tours, bientôt transformés
en monceaux de ruines fumantes. Franchissant les siècles, son re-
1.
Jérémie 9 :1 ; 13 :17
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