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La Tragédie des Siècles
et la douceur de ce qui était bon et saint étaient faciles à extraire
.
Ainsi écrivaient, dès le douzième siècle, les amis de l’ancienne foi.
C’est alors que commença l’ère des persécutions romaines. Mal-
gré les bûchers et les tortures, les croyants continuaient à se multi-
plier ; ils déclaraient que les Ecritures sont la seule autorité religieuse
infaillible, et “que nul ne doit être contraint de croire, mais que cha-
cun doit être gagné par la prédication”.
Les enseignements de Luther trouvèrent aux Pays-Bas un sol fer-
tile. Des hommes fervents et sincères se mirent à y prêcher l’Evan-
gile. De l’une des provinces de Hollande sortit Menno Simons,
homme instruit dans l’Eglise catholique et ordonné prêtre. Ignorant
totalement les saintes Ecritures, il se refusait à les lire, de crainte de
tomber dans l’hérésie. Ayant des doutes sur la transsubstantiation,
il les considéra comme des tentations de Satan et s’efforça de les
repousser par la prière et la confession. Ce fut en vain. Il tenta en-
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suite de calmer les clameurs de sa conscience en s’associant à des
scènes de dissipation, mais encore sans succès. Il en vint enfin à
étudier le Nouveau Testament. Cette étude, à laquelle il joignit plus
tard celle des écrits de Luther, l’amena à accepter la foi réformée.
Il assista peu après, dans un village voisin, à la décapitation d’un
homme coupable de s’être fait rebaptiser. Cela l’amena à étudier
l’Ecriture sainte touchant le baptême des petits enfants Il n’y trouva
aucune preuve en sa faveur, mais remarqua que la conversion et la
foi sont des conditions indispensables à la réception du baptême.
Sorti de l’Eglise romaine, Menno consacra sa vie à enseigner les
vérités qu’il avait découvertes. Comme en Allemagne, on vit aux
Pays-Bas se lever des fanatiques soutenant des doctrines absurdes,
séditieuses et indécentes, ne craignant pas de recourir à la violence et
à l’insurrection. Menno prévit les abominables conséquences de ces
enseignements ; aussi s’opposa-t-il de toutes ses forces aux erreurs
de ces égarés, se consacrant surtout avec zèle et succès aux victimes
désabusées de ces illuminés, comme aussi aux anciens chrétiens
issus de la propagande vaudoise.
Vingt-cinq années durant, accompagné de sa femme et de ses
enfants, subissant fatigues et privations, et souvent exposé à la mort,
il parcourut les Pays-Bas et le nord de l’Allemagne, travaillant tout
2.
Id
., liv. I, p. 14.