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Chapiter 13 — En Hollande et en Scandinavie
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tement son secret, mais s’efforça discrètement d’amener ses com-
pagnons à une foi plus pure et à une vie plus sainte. Bientôt, il
se mit à leur lire les Ecritures et à les commenter, leur présentant
Jésus comme la justice et la seule espérance de salut du pécheur.
Grande fut la colère du supérieur, qui espérait beaucoup le voir de-
venir un vaillant défenseur de Rome. Il fut aussitôt transféré dans
un autre cloître, consigné dans une cellule et placé sous une étroite
surveillance.
A la grande terreur des nouveaux gardiens de Tausen, plusieurs
moines se déclarèrent bientôt convertis au protestantisme. A travers
les barreaux de sa cellule, il avait communiqué la connaissance
de la vérité à ses compagnons. Si ces bons pères danois avaient
été rompus aux méthodes de l’Eglise à l’égard des hérétiques, la
voix de Tausen n’aurait plus eu l’occasion de se faire entendre ;
mais au lieu de l’enterrer vivant dans quelque cachot souterrain, ils
l’expulsèrent du couvent. Et comme un récent édit royal accordait
protection aux prédicateurs de la nouvelle doctrine, Tausen se mit
à prêcher. Les églises lui furent ouvertes ainsi qu’à d’autres, et les
foules accoururent pour entendre la Parole de Dieu. Le Nouveau
Testament, traduit en danois, était largement répandu. Les efforts des
papistes en vue d’enrayer l’œuvre de Dieu ne firent qu’en accélérer
les progrès, et le Danemark ne tarda pas à accepter la foi réformée.
En Suède, des jeunes gens qui s’étaient aussi désaltérés à la
source de Wittenberg, portèrent l’eau vive à leurs concitoyens. Deux
des promoteurs de la Réforme suédoise, Olaf et Laurentius Petri, fils
d’un forgeron d’Orebro, avaient étudié sous Luther et Mélanchthon
et s’étaient empressés de communiquer ce qu’ils avaient appris.
Comme le grand réformateur allemand, Olaf secouait la torpeur
du peuple par son zèle et son éloquence, tandis que Laurentius,
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semblable à Mélanchthon, le secondait par le calme réfléchi du
savant. L’un et l’autre étaient animés d’une ardente piété, versés
dans la théologie et doués d’un courage inébranlable. L’opposition
ne leur fit pas défaut. Les prêtres soulevèrent contre eux une populace
ignorante et superstitieuse. Olaf Petri fut souvent assailli par la foule
et sa vie fut maintes fois en danger. En revanche, ces réformateurs
jouissaient des faveurs et de la protection du roi.
Sous la domination de l’Eglise romaine, le peuple croupissait
dans la pauvreté et gémissait sous l’oppression. Privé des saintes