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La Tragédie des Siècles
Ecritures, attaché à une religion consistant uniquement en rites et
en cérémonies dans lesquelles l’esprit ne trouvait aucun aliment,
il retournait aux croyances superstitieuses et aux pratiques de ses
ancêtres idolâtres. La nation était divisée en partis hostiles dont
les luttes perpétuelles augmentaient la misère générale. Décidé à
opérer une réforme dans l’Eglise et dans l’Etat, le roi accueillit avec
empressement le concours des deux frères dans sa guerre contre
Rome.
En présence du monarque et des hommes les plus éminents de
la Suède, Olaf Petri défendit la foi réformée contre les champions
de Rome. Il affirma que les enseignements des Pères ne doivent
être reçus que s’ils concordent avec les saintes Ecritures, et déclara
que les doctrines essentielles de la foi sont enseignées dans la Bible
d’une façon si simple et si claire que tous peuvent les comprendre.
Il ajouta : “Jésus-Christ a dit : “Ma doctrine n’est pas de moi, mais
de celui qui m’a envoyé
; et saint Paul a déclaré que s’il prêchait
un autre Evangile que celui qu’il avait reçu, il serait anathème
Qui
donc, demandait le réformateur, oserait prétendre établir des dogmes
nouveaux et les imposer comme condition de salut ?” Et il prouvait
que les décrets de l’Eglise sont sans autorité dès qu’ils s’opposent à
la Parole de Dieu, dont découle le grand principe protestant d’après
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lequel “les Ecritures, et elles seules”, constituent la règle suffisante
de la foi et de la vie.
Bien qu’il se soit déroulé sur une scène relativement restreinte,
ce conflit montre de quels hommes était formée l’armée des ré-
formateurs. “Ce n’était pas d’ignorants sectaires, ni de bruyants
controversistes. Loin de là : c’étaient des hommes qui avaient étudié
la Parole de Dieu, et qui savaient manier les armes qu’ils tiraient de
l’arsenal des Ecritures. Sous le rapport de l’érudition, ils devançaient
leur siècle. Ceux qui considérèrent seulement les centres brillants de
Wittenberg et de Zurich, et les noms illustres de Luther, de Mélanch-
thon, de Zwingle et d’Œcolampade, nous disent volontiers que ces
hommes, les chefs du mouvement, possédaient sans doute de rares
facultés et des connaissances extraordinaires, mais que leurs lieute-
nants ne leur ressemblaient guère. Pourtant, si nous nous tournons
1.
Jean 7 :16
.
2.
Galates 1 :8
.