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Chapiter 14 — Progrès de la Réforme en Angleterre
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viens de quitter. Je ne puis être partout à la fois. Oh ! si les chrétiens
avaient en leur langue la sainte Ecriture, ils pourraient eux-mêmes
résister aux sophistes. Sans la Bible il est impossible d’affermir les
laïques dans la vérité.”
Ses préoccupations se portèrent dès lors sur ce dernier objet.
“C’est dans la langue même d’Israël, se dit-il, que les Psaumes re-
tentissaient dans le temple de Jéhovah ; et l’Evangile ne parlerait pas
parmi nous la langue de l’Angleterre ?... L’Eglise aurait-elle moins
de lumière en plein midi qu’à l’heure de son aurore ?... Il faut que les
chrétiens lisent le Nouveau Testament dans leur langue maternelle.”
Les docteurs et les prédicateurs de l’Eglise ne s’entendaient pas
entre eux ; il fallait donc chercher la vérité dans la Parole de Dieu
elle-même. Tyndale ajoutait : “Vous suivez les uns Duns Scot ; les
autres, Thomas d’Aquin ; et tant d’autres encore. ... Or, chacun de
ces auteurs contredit l’autre ! Comment donc discerner celui qui dit
faux de celui qui dit vrai ? ... Comment ? Par la Parole de Dieu.”
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Peu après, au cours d’une dispute avec lui, un savant docteur
catholique s’écriait : “Mieux vaut être sans les lois de Dieu que
sans celles du pape.” A quoi Tyndale répliqua : “Je brave le pape et
toutes ses lois, et si Dieu m’accorde la vie, je veux qu’avant peu un
valet de ferme qui conduit sa charrue ait des Ecritures une meilleure
connaissance que vous
Déterminé plus que jamais à donner le Nouveau Testament à
son peuple dans la langue du pays, il se mit aussitôt à la tâche.
Chassé de chez lui par la persécution, il se rendit à Londres où il
put se livrer quelque temps à son travail sans empêchement. Mais
la violence des papistes l’obligea de nouveau à prendre la fuite.
Toute l’Angleterre lui paraissant fermée, il résolut d’aller demander
l’hospitalité à l’Allemagne, et c’est dans ce pays qu’il commença
l’impression de son Nouveau Testament. Quand on lui défendait
d’imprimer dans une ville, il partait dans une autre. Deux fois, le
travail dut être interrompu. Il se rendit enfin à Worms, où, quelques
années auparavant, Luther avait plaidé la cause de la vérité devant
la diète. Dans cette ville ancienne, où résidaient beaucoup d’amis
de la Réforme, Tyndale acheva son travail sans nouvelle interrup-
1. Anderson,
Annals of the English Bible, 39
.