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Chapiter 14 — Progrès de la Réforme en Angleterre
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“Je vous poserai maintenant une étrange question, disait Latimer.
Savez-vous quel est le plus zélé de tous les prélats de l’Angleterre ?
... Je vois que vous vous attendez que je vous le nomme. ... Eh bien !
je vous le dirai. ... C’est le diable. Cet évêque-là, je vous l’assure,
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n’est jamais absent de son diocèse, et à quelque heure que vous vous
approchiez de lui, vous le trouvez à l’œuvre. ... Partout où il réside,
les mots d’ordre sont : “A bas les Bibles et vivent les chapelets ! A
bas la lumière de l’Evangile, et vive la lumière des cierges, fût-ce
en plein midi ! A bas la croix de Jésus-Christ qui ôte les péchés du
monde, et vive le purgatoire qui vide les poches des dévôts ! A bas
les vêtements donnés aux pauvres et aux impotents, et vivent les
ornements d’or et de pierres précieuses prodigués à des morceaux
de bois et de pierre ! A bas les traditions de Dieu, c’est-à-dire sa très
sainte Parole, et vivent les traditions et les lois humaines !” Oh ! si
seulement nos prélats voulaient s’employer aussi activement à jeter
la bonne semence de la saine doctrine, que Satan à semer la nielle et
l’ivraie
!”
Le grand principe revendiqué par ces réformateurs — celui que
soutenaient les Vaudois, Wiclef, Jean Hus, Luther, Zwingle et leurs
collaborateurs — c’est l’autorité infaillible des saintes Ecritures en
matière de foi et de morale. Ils déniaient aux papes, aux conciles et
aux rois le droit de dominer sur les consciences en matière religieuse.
Les Ecritures étaient leur autorité, et c’est par elles qu’ils éprouvaient
toutes les doctrines et toutes les prétentions. C’est la foi en Dieu
et en sa Parole qui soutenait ces saints hommes quand ils étaient
appelés à monter sur le bûcher. “Ayez bon courage”, disait Latimer à
ceux qui subissaient le martyre avec lui, alors que leur voix était près
de s’éteindre ; “par la grâce de Dieu, nous allumerons aujourd’hui
en Angleterre un flambeau qui, j’en ai la certitude, ne sera jamais
éteint
.
En Ecosse, la semence jetée par Colomban et ses collaborateurs
n’avait jamais entièrement disparu. Des siècles après que les églises
d’Angleterre eurent fait leur soumission à Rome, celles d’Ecosse
conservaient leurs libertés. Au douzième siècle, toutefois, le papisme
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s’établit dans ce pays et y exerça une autorité plus absolue qu’en
1. Latimer,
Sermon of the Plough
.
2.
Works of Hugh Latimer 1 :13
.