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La Tragédie des Siècles
gard voit le peuple de l’alliance dispersé en tous pays comme des
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épaves sur un rivage désolé. Mais dans les châtiments prêts à fondre
sur Jérusalem, il n’aperçoit que les premières gouttes de la coupe
amère qu’elle devra, au jugement final, vider jusqu’à la lie. Aussi la
compassion divine éclate-t-elle en cette exclamation douloureuse :
“Si toi aussi, au moins en ce jour qui t’est donné, tu connaissais
les choses qui appartiennent à ta paix ! Mais maintenant elles sont
cachées à tes yeux. Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t’envi-
ronneront de tranchées, t’enfermeront, et te serreront de toutes parts ;
ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront
pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps
où tu as été visitée... Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes
et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu
rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins
sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu
!” O nation favorisée
entre toutes, que n’as-tu connu le temps où tu as été visitée ! J’ai
retenu le bras de l’ange de la justice ; je t’ai appelée à la repentance,
mais en vain. Ce ne sont pas seulement des serviteurs, des envoyés,
des prophètes que tu as repoussés, rejetés, c’est le Saint d’Israël, ton
Rédempteur. Si tu péris, toi seule en seras responsable. “Et vous ne
voulez pas venir à moi pour avoir la vie
!”
C’étaient aussi les malheurs de toute la famille d’Adam qui
arrachaient au Sauveur ce cri amer. En Jérusalem, Jésus voyait le
symbole d’un monde endurci, incrédule, rebelle, se précipitant au-
devant des jugements de Dieu. Il lisait l’histoire du péché et de la
souffrance humaine, écrite dans les larmes et le sang. Emu d’une
compassion infinie pour les affligés et les malheureux, il aurait voulu
les en préserver tous. Mais comment pouvait-il arrêter le flot des
calamités déferlant sur le monde quand, alors qu’il était prêt à se
livrer à la mort pour les sauver, si peu d’âmes cherchaient en lui leur
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unique secours ?
La Majesté du ciel en larmes ! le Fils du Dieu infini courbé
par la douleur et secoué par d’amers sanglots ! Ce spectacle, qui
provoqua dans le ciel un saisissement général, nous révèle la nature
odieuse du péché : il nous montre combien est difficile, même pour
1.
Luc 19 :41-44
;
Matthieu 23 :37
.
2.
Jean 5 :40
.