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Chapiter 14 — Progrès de la Réforme en Angleterre
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de sa tête, il n’en frappait pas moins à droite et à gauche des coups
redoublés contre les murailles de l’idolâtrie.
Appelé devant la reine d’Ecosse, en présence de laquelle le zèle
de plusieurs chefs de la Réforme avait fléchi, John Knox rendit un
témoignage inflexible à la vérité. Inaccessible aux flatteries, il ne
se laissa pas intimider par les menaces. La reine l’accusa d’héré-
sie. Il avait, disait-elle, engagé le peuple à recevoir une religion
prohibée par l’Etat et avait ainsi transgressé le commandement de
Dieu enjoignant aux sujets d’obéir à leurs princes. Knox lui répondit
fermement :
“La vraie religion ne doit pas sa puissance originelle et son
autorité aux princes temporels, mais seulement au Dieu éternel ; par
conséquent, les sujets ne sont pas tenus de conformer leur religion
aux caprices des princes. Car il arrive souvent que ceux-ci soient
plus ignorants de la vraie religion de Dieu que le reste du monde. ...
Si tous les fils d’Abraham avaient embrassé la religion de Pharaon
dont ils étaient sujets, je vous le demande, Madame, quelle eût été
la religion du monde ? Ou encore si, aux jours des apôtres, tous les
hommes eussent été de la religion des empereurs romains, quelle
religion eût régné sur la face de la terre ?... Vous le voyez donc,
Madame, si les sujets doivent obéissance à leurs princes, ils ne sont
cependant pas tenus de pratiquer leur religion.”
[270]
“Vous interprétez les Ecritures d’une façon, dit la reine, et les
docteurs catholiques les interprètent d’une autre ; qui faut-il croire,
et qui sera juge ?”
“Il faut croire Dieu qui nous parle clairement dans sa Parole,
répondit le réformateur. Au-delà de ce qui est écrit, il ne faut croire ni
les uns ni les autres. La Parole de Dieu s’explique elle-même ; et s’il
semble y avoir quelque obscurité dans un passage, le Saint-Esprit,
qui n’est jamais en contradiction avec lui-même, s’exprime plus
clairement dans un autre, de telle sorte que le doute ne subsiste que
pour ceux qui veulent obstinément demeurer dans l’ignorance
Telles étaient les vérités qu’au péril de sa vie l’intrépide réforma-
teur faisait entendre à la reine. Avec ce courage indomptable, puisé
dans la prière, il poursuivit les batailles de l’Eternel jusqu’à ce que
l’Ecosse eût brisé le joug de la papauté.
1. Laing,
Works of John Knox 2 :281, 284
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