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Chapiter 14 — Progrès de la Réforme en Angleterre
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désiraient ni n’acceptaient aucune rémunération. “Il est bon, disaient-
ils, que notre cœur orgueilleux soit soumis à de telles humiliations,
car notre bon Sauveur a fait bien davantage pour nous.” Chaque
jour ils avaient manifesté une douceur à toute épreuve. Etaient-ils
heurtés, frappés ou jetés à terre, ils se relevaient tranquillement, sans
faire entendre la moindre plainte.
”Ils eurent bientôt l’occasion de prouver qu’ils étaient libres de la
crainte comme ils l’étaient de l’orgueil, de la colère et de la rancune.
... Un jour, pendant un de leurs services religieux, la tempête se
déchaîna avec violence ; les vagues, se précipitant sur le navire,
l’inondèrent et mirent en pièces la grande voile. Un cri de détresse
s’échappa de bien des poitrines. Les Moraves seuls ne parurent pas
émus ; ils n’interrompirent pas même le chant du Psaume qu’ils
avaient commencé. Je demandai plus tard à l’un d’eux : “N’étiez-
vous donc pas effrayés ?” Il me répondit : “Grâce à Dieu, non.” —
“Mais vos femmes et vos enfants n’avaient-ils pas peur ?” “Non,
reprit-il simplement ; nos femmes et nos enfants n’ont pas peur de
mourir
””
Arrivé à Savannah, Jean Wesley, lors d’un court séjour au milieu
des Moraves, fut vivement impressionné par leur vie chrétienne. Il
exprime en ces termes le contraste frappant d’un de leurs cultes avec
le vain formalisme des églises d’Angleterre : “La grande simplicité
et la solennité de cette scène me transportèrent dix-sept siècles en
arrière, au milieu d’une des assemblées présidées par Paul, le faiseur
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de tentes, ou Pierre, le pêcheur : assemblée sans apparat, mais animée
par une démonstration d’esprit et de puissance
De retour en Angleterre, Wesley parvint, sous la direction d’un
prédicateur morave, à une claire intelligence de la foi qui sauve.
Il comprit que, pour obtenir le salut, il faut renoncer à ses propres
œuvres et s’en remettre entièrement à “l’agneau de Dieu qui ôte
le péché du monde”. Lors d’une réunion de la société morave de
Londres, on lut une page de Luther sur le changement que l’Esprit
de Dieu opère dans le cœur du croyant. Cette lecture engendra la foi
dans le cœur de Wesley. “Je sentis, dit-il, que mon cœur se réchauffait
étrangement. J’eus la sensation que je me confiais en Jésus, en Jésus
1. M. Lelièvre,
John Wesley, 72, 73
.
1.
John Wesley, 75
.