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Chapiter 15 — La Bible et la Révolution française
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même rangs
” Quelques années plus tard, le nonce du pape donnait
au roi cet avertissement : “Sire, ne vous y trompez pas, les protestants
porteront atteinte à l’ordre civil comme à l’ordre religieux. Le trône
est en danger tout autant que l’autel. L’introduction d’une religion
nouvelle doit entraîner nécessairement un gouvernement nouveau
Et les théologiens de faire appel aux préjugés populaires en déclarant
que la doctrine protestante “entraîne les hommes vers des nouveautés
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et des folies ; qu’elle prive le roi de l’affection de ses sujets et dévaste
à la fois l’Eglise et l’Etat”. C’est ainsi que Rome avait réussi à dresser
la France contre la Réforme.
Les enseignements des Ecritures auraient au contraire implanté
dans les esprits et les cœurs des principes de justice, de tempérance,
de vérité, d’équité et de bienveillance, principes qui sont la pierre
angulaire de la prospérité nationale. “La justice élève une nation.”
“C’est par la justice que le trône s’affermit.” “L’œuvre de la justice
sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour tou-
jours
” Celui qui est soumis à la loi divine ne faillira pas non plus au
respect des lois de son pays. Celui qui craint Dieu “honorera le roi”
dans l’exercice de ses attributions justes et légitimes. Les dirigeants
de la France ne se doutaient guère, hélas ! des conséquences de leur
fatale politique lorsqu’ils prohibèrent les Ecritures et bannirent ses
disciples, lorsque, siècle après siècle, des hommes intègres, éclairés,
consciencieux, ayant le courage de leurs convictions et la foi qui
consent à souffrir pour la vérité, avaient été condamnés aux galères,
consumés sur les bûchers ou enterrés vifs dans de sombres cachots.
Des myriades d’autres avaient cherché leur salut en passant à l’étran-
ger. Et cela dura deux cent cinquante ans à partir des débuts de la
Réforme !
“Il n’y eut peut-être pas une génération de Français, au cours
de cette longue période, qui ne fût témoin de la fuite éperdue des
disciples de l’Evangile devant la fureur de leurs persécuteurs. Em-
portant avec eux leurs arts et leurs industries (dans lesquels ils ex-
cellaient généralement), leur intelligence et leur esprit d’ordre, ils
allèrent, au détriment de la France, enrichir les pays qui leur don-
naient asile.
3. G. de Félice,
Hist. des Protestants de France
(6e éd.), liv. I, chap. II, p. 28.
4. Merle d’Aubigné,
Hist. de la Réformation au temps de Calvin
, liv. II, chap. XXXVI.
1.
Proverbes 14 :34 ; 16 :12
;
Ésaïe 32 :17
.