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Chapiter 15 — La Bible et la Révolution française
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reconstruire la société et de se venger des auteurs de son dénuement.
Mettant à profit les leçons qu’on leur avait données, les opprimés
devinrent les oppresseurs de leurs tyrans.
Malheureuse France ! Elle récoltait dans le sang la moisson de
ses semailles et buvait au calice amer de sa soumission à la puissance
de Rome. C’est sur l’emplacement même où, sous l’influence du
clergé, avait été élevé le premier bûcher à l’intention des réformés
que la Révolution dressa la première guillotine. C’est à l’endroit
même où, au seizième siècle, les premiers martyrs de la foi réfor-
mée avaient été brûlés, qu’au dix-huitième furent guillotinées les
premières victimes de la vindicte populaire. En rejetant l’Evangile
qui lui eût apporté la guérison, la France avait ouvert toute grande la
porte à l’incrédulité et à la ruine. Le joug des lois divines secoué, on
s’aperçut que les lois de l’homme étaient impuissantes à endiguer la
marée montante des passions humaines, et la nation sombra dans la
révolte et l’anarchie. La guerre à la Parole de Dieu inaugura une ère
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connue dans l’histoire sous le nom de “règne de la Terreur”. La paix
et le bonheur furent bannis des foyers et des cœurs. Personne n’était
en sécurité. Celui qui triomphait aujourd’hui était, demain, accusé
et condamné. La violence et la luxure avaient libre cours.
Le roi, le clergé et la noblesse furent livrés aux atrocités d’une
populace en démence. L’exécution du roi excitant la soif de ven-
geance, les hommes qui avaient décrété sa mort le suivirent bientôt à
la guillotine. Le massacre général de tous ceux qui étaient suspects
d’hostilité à la Révolution fut décidé. Les prisons étaient combles :
à un certain moment, elles n’abritaient pas moins de deux cent mille
captifs. Dans les villes de province, on n’assistait qu’à des scènes
d’horreur. La France était devenue un champ clos où s’affrontaient
des foules en proie à la fureur de leurs passions. “A Paris, où les
tumultes succédaient aux tumultes, les citoyens étaient partagés en
factions ne visant qu’à leur extermination mutuelle. Pour comble de
malheur, la France avait sur les bras une guerre dévastatrice avec les
grandes puissances. “Le pays était acculé à la faillite ; les armées
réclamaient leur solde arriérée ; Paris était réduit à la famine ; les
provinces étaient ravagées par des brigands, et la civilisation faisait
place à l’anarchie.”
Le peuple, hélas ! n’avait que trop bien retenu les néfastes leçons
de cruauté que Rome lui avait si patiemment enseignées, et le jour