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La Tragédie des Siècles
nissement ou de quelque chose de pire”. Pourchassés, persécutés,
emprisonnés, sans espoir d’un avenir meilleur, plusieurs en arrivèrent
à la conclusion que l’Angleterre n’était plus habitable pour ceux
qui voulaient servir Dieu selon leur conscience. Quelques-uns se
décidèrent à aller chercher un refuge en Hollande. Arrêtés par les
difficultés, par des pertes matérielles, par des séjours en prison, par
des échecs et des trahisons, ils finirent par triompher grâce à leur in-
domptable persévérance et trouvèrent asile sur les rives hospitalières
de la République des Pays-Bas.
Dans leur fuite, ils avaient abandonné leurs maisons, leurs biens
et leurs moyens d’existence. Etrangers à ce pays dont ils ne connais-
saient ni la langue ni les usages, ils durent, pour gagner leur pain,
chercher des occupations nouvelles. Des hommes d’âge mûr, qui
avaient passé leur vie à cultiver le sol, se virent obligés d’apprendre
des métiers et le firent volontiers. Bien que réduits à l’indigence,
ils remerciaient Dieu des bienfaits dont ils jouissaient, trouvant leur
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joie dans la libre pratique de leur foi. “Se sachant pèlerins, ils ne se
mettaient en peine de rien et se consolaient en levant les yeux vers
le ciel, leur patrie la plus chère.”
L’exil et l’adversité ne faisaient que fortifier leur foi dans les
promesses de celui qui ne les décevait pas au moment du besoin.
Ses anges, à leurs côtés, renouvelaient et soutenaient leur courage.
Aussi, lorsqu’il leur sembla que la main de Dieu leur ouvrait, au-delà
des mers, un pays où ils pourraient fonder un Etat et léguer à leurs
enfants le précieux héritage de la liberté religieuse, prirent-ils sans
hésiter le chemin que la Providence leur indiquait.
Dieu avait fait passer le petit troupeau par la fournaise de
l’épreuve afin de le préparer à l’accomplissement d’un grand des-
sein. Il était sur le point de manifester sa puissance en sa faveur et
de prouver au monde, une fois de plus, qu’il n’abandonne pas ceux
qui mettent en lui leur confiance. La colère de Satan et les complots
des méchants allaient servir à glorifier Dieu et à mettre son peuple
en lieu sûr. La persécution et l’exil avaient préparé le chemin de la
liberté.
Lorsqu’ils s’étaient vus dans la nécessité de quitter l’Eglise an-
glicane, les Puritains s’étaient unis entre eux par un pacte solennel.
Libres serviteurs de l’Eternel, ils s’engageaient à “marcher ensemble
dans toutes les voies que Dieu leur avait fait connaître ou qu’il