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Chapiter 16 — Les Pères pèlerins
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“pour échapper à la guerre, à la famine ou à l’oppression de leurs
persécuteurs”. Ainsi, les fugitifs et les opprimés devenaient, de par
la loi, les hôtes de la nation
” Dans les vingt années qui suivirent le
premier débarquement à Plymouth, un nombre égal de milliers de
Pèlerins s’établirent en Nouvelle-Angleterre.
En retour de cette liberté, les immigrants s’estimaient heureux
de gagner leur pain quotidien par leur travail et leur sobriété. “Ils ne
demandaient au sol qu’une rémunération raisonnable de leur labeur.
Sans se laisser leurrer par des visions dorées, ... ils se contentaient des
progrès lents mais constants de leur économie sociale. Ils enduraient
patiemment les privations de la vie du désert, arrosant de leurs larmes
et de leurs sueurs l’arbre de la liberté, qui enfonçait dans le sol ses
profondes racines.”
[319]
L’Ecriture sainte était la base de leur foi, la source de leur sagesse,
la charte de leurs libertés. Ses principes, diligemment enseignés dans
la famille, à l’école et à l’église, portaient comme fruits l’industrie,
l’intelligence, la chasteté, la tempérance. On eût pu passer des années
dans les colonies des Puritains “sans rencontrer un ivrogne, sans
entendre un blasphème, sans voir un mendiant
. Ce fait démontrait
que les principes de la Bible offrent les plus sûres garanties de la
grandeur nationale. Les colonies, d’abord faibles et isolées, finirent
par devenir une puissante fédération d’Etats, et le monde a vu avec
étonnement se développer, dans la paix et la prospérité, une “Eglise
sans pape, et un Etat sans roi”.
Mais les foules sans cesse plus nombreuses, attirées vers les rives
de l’Amérique, étaient poussées par des mobiles bien différents de
ceux des premiers Pèlerins. La foi et les vertus des premiers temps,
bien que continuant à exercer sur la masse une influence bienfaisante,
diminuèrent dans la mesure où augmentait le nombre des nouveaux
venus, uniquement avides d’avantages matériels.
Les règlements de la première colonie attribuaient les charges
publiques aux seuls membres de l’Eglise ; les résultats en furent
pernicieux. Cette mesure, considérée comme propre à maintenir
l’intégrité de l’Etat, entraîna la corruption de l’Eglise. Une simple
profession de religion étant suffisante pour aspirer à une charge
2.
Martyn 5 :417
.
1. Bancroft, Ire part., chap. XIX, par. 25.