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La Tragédie des Siècles
publique, un grand nombre de gens étrangers à la vie chrétienne
entrèrent dans l’Eglise. Peu à peu, les églises se remplirent d’incon-
vertis. Dans le corps pastoral même, des hommes, non seulement
enseignaient l’erreur, mais ignoraient entièrement la puissance trans-
formatrice du Saint-Esprit. Une fois de plus, l’histoire démontrait
les funestes conséquences du régime — introduit sous Constantin
— de l’édification, avec l’appui du pouvoir séculier, de l’Eglise de
celui qui a dit : “Mon royaume n’est pas de ce monde
” L’union
de l’Eglise et de l’Etat, à quelque degré que ce soit, si elle paraît
rapprocher le monde de l’Eglise, n’a en réalité d’autre conséquence
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que de mondaniser l’Eglise.
Le grand principe si noblement soutenu par Robinson et Roger
Williams, à savoir que la lumière de la vérité est progressive et que
le chrétien doit se tenir prêt à recevoir tout rayon nouveau émanant
de la Parole de Dieu fut perdu de vue par leurs descendants. Les
Eglises protestantes d’Amérique, comme aussi celles d’Europe, qui
ont eu l’insigne privilège de participer aux bienfaits de la Réforme,
n’ont pas continué d’avancer dans cette voie. De loin en loin, des
hommes se sont levés pour proclamer des vérités nouvelles et dé-
noncer d’anciennes erreurs ; mais les masses — suivant l’exemple
des Juifs au temps de Jésus et des peuples restés catholiques au
seizième siècle — n’ont pas voulu recevoir autre chose que ce que
leurs pères avaient cru et se sont refusées à modifier leur manière
de vivre. En s’attachant à des erreurs et à des superstitions qu’on
eût délaissées si l’on avait reçu les lumières de la Parole de Dieu,
on a fait dégénérer la religion en formalisme. Ainsi, l’esprit de la
Réforme s’est graduellement affaibli. Envahi par la mondanité et
la torpeur spirituelle, attaché à l’opinion publique et aux théories
humaines, le protestantisme en est venu à avoir tout aussi besoin de
réforme que le catholicisme aux jours de Luther.
La vaste diffusion des Ecritures au commencement du dix-
neuvième siècle et la grande lumière ainsi répandue sur le monde
n’ont pas été suivies d’un progrès correspondant dans la vérité ré-
vélée ou la vie religieuse. Ne pouvant plus, comme dans les siècles
passés, cacher au monde la Parole de Dieu désormais à la portée de
tous, Satan a imaginé une tactique nouvelle. Il a poussé un grand
2.
Jean 18 :36
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