Page 28 - La Trag

Basic HTML Version

24
La Tragédie des Siècles
Aussi Dieu leur retira-t-il sa protection et les abandonna-t-il à Satan
et à ses anges. La nation fut livrée entre les mains du chef qu’elle
s’était choisi. Les Juifs avaient dédaigné la grâce de celui qui leur
eût assuré la victoire sur les mauvais penchants qui étaient devenus
leurs maîtres. Livrés à la violence de leurs passions, ils ne raison-
naient plus. Esclaves des emportements d’une fureur aveugle, ces
malheureux se livraient à des actes d’une cruauté satanique. Dans la
famille comme dans l’Etat, dans les classes élevées comme dans le
bas peuple, on ne rencontrait que suspicion, envie, haine, discorde
et assassinats. Il n’y avait de sécurité nulle part. Amis et intimes se
trahissaient mutuellement. Les parents tuaient leurs enfants, et les
enfants tuaient leurs parents. Les chefs n’avaient aucun empire sur
eux-mêmes. Leurs passions indomptées en faisaient des tyrans. Les
Juifs avaient accepté de faux témoignages contre le Fils de Dieu, et
maintenant leur vie était constamment menacée par des délateurs.
Depuis longtemps, ils avaient dit par leurs actes : “Eloignez de notre
présence le Saint d’Israël
” Leur vœu était accompli. La crainte
de Dieu ne les retenait plus. Satan, maître des autorités civiles et
religieuses, était à la tête de la nation.
Parfois, les chefs des factions ennemies s’entendaient pour piller
et torturer leurs malheureuses victimes, puis ils en venaient aux
mains et s’entr’égorgeaient sans miséricorde. La sainteté même du
temple ne mettait aucun frein à leur férocité. Les adorateurs étaient
mis à mort devant l’autel, et le sanctuaire était souillé de cadavres.
Néanmoins, dans leur présomption aveugle et blasphématoire, les
instigateurs de cette œuvre infernale déclaraient hautement qu’ils
étaient sans inquiétude sur le sort de Jérusalem, puisqu’elle était la
ville de Dieu. Pour affermir leur autorité, ils subornèrent de faux pro-
phètes qui, au moment même où les légions romaines assiégeaient
le temple, proclamèrent que la délivrance divine était imminente.
[30]
Jusqu’à la fin, la foule demeura convaincue que Dieu interviendrait
pour confondre les Romains. Mais Israël avait méprisé la protec-
tion du ciel et se trouvait maintenant sans défense. Malheureuse
Jérusalem! Déchirée par les factions, elle voyait ses rues arrosées
du sang de ses enfants massacrés par ses propres mains, tandis que
1.
Ésaïe 30 :11
.