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Chapiter 1 — La destruction de Jérusalem
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Les affections naturelles semblaient éteintes. Des maris volaient
leurs femmes, et des femmes leurs maris. Des enfants arrachaient
la nourriture de la bouche de leurs vieux parents. La question du
prophète : “Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite
?” reçut
cette réponse dans l’enceinte de cette ville perdue : “Les femmes,
malgré leur tendresse, font cuire leurs enfants ; ils leur servent de
nourriture, au milieu du désastre de la fille de mon peuple
” Alors
s’accomplit également la prédiction faite quatorze siècles aupara-
vant : “La femme d’entre vous la plus délicate et la plus habituée à la
mollesse, qui par mollesse et par délicatesse n’essayait pas de poser
à terre la plante de son pied, aura un œil sans pitié pour le mari qui
repose sur son sein, pour son fils et pour sa fille ; elle ne leur donnera
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rien... des enfants qu’elle mettra au monde, car, manquant de tout,
elle en fera secrètement sa nourriture au milieu de l’angoisse et de
la détresse où te réduira ton ennemi dans tes portes
Pour forcer les Juifs à se rendre, les Romains tentèrent de les
terroriser. Les prisonniers qui résistaient au moment de leur capture
étaient battus de verges, torturés et crucifiés sous les murs de la ville.
Il en périssait ainsi journellement des centaines, au point que, dans
la vallée de Josaphat et sur le Calvaire, les croix furent bientôt si
nombreuses qu’on pouvait à peine passer entre elles. Ainsi se réali-
sait la terrible imprécation prononcée par les Juifs devant le tribunal
de Pilate : “Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants
!”
Titus, rempli d’horreur à la vue des monceaux de cadavres qui
encombraient les vallées, eût été heureux de mettre un terme à ces
scènes abominables et d’épargner à Jérusalem une partie de ses
maux. Saisi d’admiration à la vue du temple qu’il contemplait du
haut de la colline des Oliviers, il défendit à ses soldats de porter la
main sur cette merveille. Avant de tenter l’assaut de la forteresse,
il supplia les chefs des Juifs de ne pas le contraindre à souiller de
sang le sanctuaire et promit que s’ils consentaient à aller combattre
ailleurs, aucun soldat romain ne profanerait le temple.
Dans un appel éloquent, Josèphe, leur compatriote, les supplia
de se rendre et d’assurer ainsi leur salut et celui du lieu sacré. A ce
1.
Ésaïe 49 :15
.
2.
Lamentations 4 :10
.
1.
Deutéronome 28 :56, 57
.
2.
Matthieu 27 :25
.