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La Tragédie des Siècles
ni la même précision qu’en Amérique ; on n’y enseignait pas aussi
généralement la date exacte de l’événement ; toutefois, la grande
vérité de la prochaine venue du Christ en puissance et en gloire y
pénétra d’une façon générale, et cela non pas seulement parmi les
dissidents et les non-conformistes. Un auteur anglais, du nom de
Mourant Brock, nous informe que dans ce pays sept cents pasteurs
de l’Eglise anglicane annonçaient “l’Evangile du royaume”. La
conviction que la venue du Christ aurait lieu en 1844 y fut également
propagée. Des publications venues des Etats-Unis s’y répandirent
largement, et on y réimprima livres et journaux. En 1842, Robert
Winter, Anglais de naissance, qui avait reçu en Amérique la foi
adventiste, rentra dans son pays natal pour y proclamer le retour
du Christ. Plusieurs se joignirent à lui, de sorte que le message du
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jugement fut entendu dans diverses parties du pays.
En Amérique du Sud, un jésuite espagnol, du nom de Lacunza,
ayant eu accès aux Ecritures, y trouva la vérité du prochain retour
du Christ. Poussé à proclamer l’avertissement et désireux toutefois
d’échapper à la censure de Rome, il se donna pour un Juif converti
et publia ses croyances sous le pseudonyme de “Rabbi Ben Ezra”.
Lacunza vivait au XVIII
e
siècle ; mais c’est seulement vers 1825
que son livre, parvenu à Londres, fut traduit en langue anglaise. Sa
publication contribua à augmenter l’intérêt que la doctrine du retour
du Christ avait éveillé en Angleterre.
En Allemagne, ce message fut prêché au XVIII
e
siècle par Ben-
gel, pasteur luthérien, savant critique et commentateur des Ecritures.
En achevant ses études, Bengel s’était “consacré à la théologie, vers
laquelle l’attirait la gravité naturelle de son caractère, accentuée
encore par sa première éducation. Comme beaucoup de jeunes gens
sérieux, après et avant lui, il fut assailli par le doute. Dans ses écrits,
il mentionne avec tact ces flèches qui avaient transpercé son pauvre
cœur et rendu sa jeunesse amère
” Devenu membre du Consistoire
du Wurtemberg, il se fit l’avocat de la liberté religieuse. “Tout en
soutenant les droits et les prérogatives de l’Eglise luthérienne, il
revendiquait la liberté pour ceux qui, moralement, se sentaient tenus
de quitter cette église.” Les heureux effets de cette attitude se font
encore sentir dans sa province natale.
1.
Encyclopaedia Britannica
(9e éd.), art. Bengel.