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La Tragédie des Siècles
mystérieuses et incompréhensibles, mettait obstacle à la réalisation
de son dessein. Il se décida — comme Farel l’avait fait avant lui pour
évangéliser Genève — à commencer par les enfants, pour atteindre
ensuite les parents. Exposant plus tard le but de son entreprise, il
écrivait :
“Je désire qu’on l’ait compris : ce n’est pas à cause de sa moindre
importance, c’est au contraire en raison de sa haute valeur, que j’ai
voulu présenter cet enseignement sous cette forme familière, et que
je l’adresse à des enfants. — Je voulais être écouté, et j’ai craint de
ne l’être pas si je m’adressais d’abord aux grands. Ce sujet, bien
que rempli de lumière, est réputé trop abstrus ; bien qu’utile à tous,
trop curieux ; bien qu’abondant en nos Ecritures, trop enveloppé
d’incertitudes ! ... Je vais donc aux plus jeunes : les aînés viendront
autour. Je me fais devant eux un auditoire d’enfants ; mais si le
groupe grossit, si l’on voit qu’il écoute, qu’il jouit, qu’il s’intéresse,
qu’il comprend, qu’il explique même, alors je suis sûr d’avoir bientôt
un second cercle, et qu’à leur tour les grands reconnaîtront qu’il vaut
la peine de s’asseoir et d’étudier. Quand cela sera fait, la cause sera
gagnée
Gaussen réussit. S’étant adressé aux enfants, il vit venir à lui des
personnes plus âgées. Les galeries de son église ne tardèrent pas à
se remplir d’auditeurs attentifs. Dans le nombre se trouvaient des
savants, des hommes influents et des étrangers de passage à Genève.
Ainsi, le message se répandit au loin.
Encouragé par ce premier succès, et afin de faciliter l’étude de
la prophétie dans les églises de langue française, Gaussen publia
ses leçons. “Publier des instructions données à des enfants sur Da-
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niel le prophète, dit-il, c’est dire aux adultes, qui trop souvent né-
gligent de tels livres sous le vain prétexte de leur obscurité : Com-
ment seraient-ils obscurs, puisque vos enfants les comprennent ? ...
J’avais profondé ment à cœur de rendre populaire dans nos trou-
peaux, s’il m’était possible, la connaissance des prophéties. ... Il
n’est pas d’étude, en effet, qui me semble mieux répondre aux be-
soins du moment. ... C’est par là qu’il faut armer l’Eglise pour ses
tribulations prochaines et l’exercer à l’attente de Jésus-Christ
1. L. Gaussen,
Daniel le prophète
, vol. II, Avertissement, p. XI, XII.
1. L. Gaussen, ouv. cité, vol. II, p. XXI.