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Chapiter 1 — La destruction de Jérusalem
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après l’autre, s’effondraient dans un brasier dévorant. Les toits de
cèdre ressemblaient à des nappes de flammes. Les pinacles dorés
jetaient des reflets embrasés. Des tours s’élevaient des colonnes de
fumée et de flammes dont la lueur éclairait les collines avoisinantes.
Dans l’obscurité, des groupes d’assiégés, en proie à une angoisse
mortelle, suivaient les progrès de l’incendie. Sur les murailles et les
éminences de la haute ville, les assiégés, certains atterrés, d’autres
exaspérés, se livraient au désespoir ou proféraient de vaines menaces.
Les cris des soldats romains et les hurlements des insurgés périssant
dans les flammes se mêlaient au crépitement de l’incendie, et les
échos de la montagne répercutaient les lamentations du peuple massé
sur les hauteurs. Des gens à demi morts d’inanition rassemblaient ce
qu’il leur restait de forces pour faire entendre une dernière clameur
d’angoisse et de désolation.
“A l’intérieur se déroulait un spectacle plus terrifiant encore.
Hommes et femmes, jeunes et vieux, insurgés et sacrificateurs, com-
battants et suppliants étaient massacrés sans miséricorde. Et comme
le nombre des tués dépassait celui des égorgeurs, les légionnaires,
poursuivant leur œuvre d’extermination, devaient escalader des mon-
ceaux de cadavres
Le temple détruit, la ville ne tarda pas à tomber tout entière entre
les mains des Romains. Les chefs juifs ayant délaissé leurs tours
imprenables, Titus trouva celles-ci abandonnées. Après les avoir
contemplées avec étonnement, il déclara que Dieu seul avait pu les
lui livrer ; ses machines de guerre auraient été impuissantes contre
elles. La ville et le temple furent rasés ; l’emplacement du saint lieu
fut “labouré comme un champ
. Au cours du siège et du massacre,
plus d’un million de Juifs avaient perdu la vie. Les survivants furent
réduits en captivité, vendus comme esclaves, emmenés à Rome pour
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orner le triomphe du vainqueur, jetés aux bêtes féroces dans les
arènes, ou dispersés dans toutes les parties de la terre.
En mettant le comble à leur endurcissement, les Juifs avaient
forgé leurs propres chaînes. La destruction de leur nation et tous
les maux qui suivirent leur dispersion ne furent que le fruit de leurs
œuvres. Le prophète l’avait dit : “Ce qui cause ta ruine, Israël, c’est
1. Milman,
History of the Jews
, liv. XVI.
2.
Jérémie 26 :18
.