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La Tragédie des Siècles
gnage de la Parole de Dieu et qu’on leur déniait le droit d’étudier la
prophétie, ils jugèrent que leur fidélité envers Dieu leur interdisait de
se soumettre. Ne pouvant plus considérer comme Eglise du Christ,
comme “colonne et appui de la vérité” une assemblée qui supprimait
le libre témoignage de la Parole de Dieu, ils s’estimèrent autorisés à
se séparer de leurs anciens frères. En conséquence, dans le courant
de l’été de 1844, cinquante mille personnes environ se retirèrent des
diverses confessions des Etats-Unis.
A partir de ce moment, on observa un changement radical dans
la plupart de ces églises. Depuis quelques années, on avait remarqué
en elles une tendance graduelle mais constante vers la mondanité, et,
parallèlement, un déclin de la vie spirituelle ; mais, en cette même
année, un affaissement soudain et bien caractérisé se manifesta dans
la plupart de ces congrégations. Ce fait, apparemment inexplicable,
fut dûment constaté et commenté, tant dans la presse que du haut de
la chaire.
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Lors d’une réunion du synode de Philadelphie, Charles Barnes,
auteur d’un commentaire fort estimé et pasteur de l’une des princi-
pales églises de la ville, déclara que, pendant un ministère de vingt
années, il n’avait jamais, jusqu’à la dernière assemblée, célébré la
sainte Cène sans recevoir dans l’église un certain nombre de nou-
veaux membres. “Maintenant, dit-il, il n’y
a pas de réveils, pas de
conversions
, pas de croissance en grâce apparente chez les membres,
et personne ne vient me trouver pour s’entretenir avec moi de l’état
de son âme. A la prospérité matérielle, aux progrès du commerce et
de l’industrie, correspond un accroissement de la mondanité.
Et il
en est ainsi dans toutes les églises
Au mois de février de la même année, le professeur Finney,
du collège Oberlin, disait : “Nous avons pu constater qu’en règle
générale les églises protestantes de notre pays sont ou indifférentes
ou hostiles à presque toutes les réformes morales du siècle. Il y a des
exceptions, mais elles n’infirment pas la règle générale. Nous nous
trouvons en présence d’un autre fait : l’absence presque universelle
de tout réveil dans les églises. Presque partout, l’on constate un
marasme spirituel terriblement prononcé ; la presse religieuse de
tout le pays en fait foi. ... D’une façon générale, les membres de
1.
Congregational Journal
, 23 mai 1844.