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Chapiter 29 — L’origine du mal
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au suprême degré et à lui assurer la première place dans l’affection
de ses créatures, Lucifer chercha à capter à son profit leur allégeance
et leurs hommages. Convoitant l’honneur que le Père avait conféré à
son Fils, le prince des anges aspira à une puissance dont le Christ
seul détenait la prérogative.
Le ciel entier réfléchissait la gloire du Créateur et proclamait
ses louanges. Tant que Dieu avait été ainsi honoré, on n’avait connu
que la paix et la joie. Mais une note discordante, l’exaltation du
moi, troubla soudain l’harmonie céleste. Ce sentiment, si contraire
aux desseins du Créateur, éveilla de sombres pressentiments chez
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les êtres qui rendaient à Dieu les honneurs suprêmes. Des conseils
célestes adressèrent à Lucifer d’instantes exhortations. Le Fils de
Dieu lui représenta la grandeur, la bonté et la justice du Maître de
l’univers, ainsi que la nature sacrée et l’immutabilité de sa loi. C’est
Dieu lui-même qui avait établi l’ordre qui régnait dans le ciel. En
s’en écartant, Lucifer déshonorait son Créateur et attirait le malheur
sur sa tête. Mais cet avertissement, donné avec amour et compassion,
ne fit qu’éveiller un esprit de résistance. Cédant à sa jalousie envers
le Fils de Dieu, Lucifer s’obstina.
L’orgueil que lui inspirait sa haute situation fit naître en lui le
désir de la suprématie. Oubliant les grands honneurs dont il était
l’objet de la part de son Créateur, fier de l’éclat de sa gloire, il
aspira à l’égalité avec Dieu. Aimé et vénéré des armées célestes,
il surpassait tous les anges en sagesse et en magnificence. Le Fils
de Dieu cependant était reconnu comme le Souverain du ciel. Il
partageait la puissance et l’autorité du Père, et participait à tous ses
conseils. Lucifer, qui n’était pas informé de la même manière de
tous les desseins du Tout-Puissant, demandait : “Pourquoi le Fils
aurait-il la suprématie ? Pourquoi est-il élevé au-dessus de moi ?”
Abandonnant alors sa place en la présence immédiate de Dieu,
le fier chérubin alla semer la discorde parmi les anges. Opérant dans
le secret, et tout en cachant d’abord ses intentions réelles sous le
masque d’une grande vénération pour Dieu, il s’efforça de soulever
le mécontentement contre les lois qui gouvernaient les êtres célestes,
affirmant qu’elles imposaient des restrictions inutiles. Il prétendait
que, eu égard à leur sainteté, les anges ne devaient connaître d’autre
loi que leur bon plaisir. Pour gagner leur sympathie, il donna à en-
tendre que Dieu l’avait traité injustement en accordant les honneurs