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Chapiter 29 — L’origine du mal
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donner de la vraisemblance à l’accusation d’injustice qu’il portait
contre Dieu, il faussait les paroles et les actes du Créateur. Son
système consistait à embarrasser les anges par des arguments subtils
touchant les desseins de Dieu. Ce qui était simple, il l’enveloppait de
mystère ; et, en dénaturant artificieusement les faits, il jetait le doute
sur les déclarations les plus formelles de Jéhovah. Sa haute position
et ses rapports intimes avec l’administration divine donnaient tant
de poids à ses paroles, qu’un grand nombre d’anges embrassèrent le
parti de la révolte contre l’autorité du ciel.
Dans sa lutte contre le péché, Dieu ne pouvait employer d’autres
armes que la justice et la vérité, tandis que Lucifer pouvait faire
usage de flatterie et de mensonge. Falsifiant les paroles de Dieu et
calomniant les plans de son gouvernement, il prétendit que Dieu
n’était pas juste en imposant des lois et des règlements aux habitants
du ciel ; qu’en exigeant de ses créatures la soumission et l’obéis-
sance, il n’avait en vue que sa propre exaltation. Aussi l’habileté, les
sophismes et la calomnie dont il usa lui donnèrent-ils au début un
avantage considérable.
Masquant ses plans sous une apparence de loyauté, il soutint
qu’il travaillait à la gloire de Dieu, à la stabilisation de son gouver-
nement et au bonheur de tous les habitants célestes. Tout en semant
l’insoumission parmi les anges qu’il avait sous ses ordres, il donnait
hypocritement à entendre qu’il travaillait à éliminer les causes de
mécontentement. En proposant des modifications dans les lois et le
gouvernement de Dieu, il affirmait que, loin d’être en révolte, il ne
cherchait qu’à contribuer à la sauvegarde de l’harmonie du ciel et
au bonheur de l’univers.
Faisant un pas de plus, il se mit à rendre Dieu et son adminis-
tration responsables du désordre qu’il avait lui-même créé, tout en
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se faisant fort de corriger et d’améliorer les statuts de Jéhovah. Il
demandait seulement qu’on lui permît de démontrer, en effectuant
des changements indispensables, le bien-fondé de ses prétentions.
Dans sa sagesse, Dieu laissa Lucifer poursuivre sa campagne jus-
qu’au moment où elle éclaterait au grand jour. Ses desseins étaient
tellement enveloppés de mystère qu’il était difficile, tant qu’il ne
s’était pas complètement dévoilé, de démasquer le chérubin pro-
tecteur devant les hôtes célestes qui le chérissaient et sur lesquels
il exerçait une profonde influence. D’ailleurs, le péché n’avait en-