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Chapiter 35 — Les visées de la papauté
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scripturaire en faveur de la nouvelle institution et signale les auteurs
réels du changement, en ajoutant : “Tout ce qui devait se faire le
jour du sabbat,
nous l’avons transféré
sur le jour du Seigneur
L’argument en faveur du dimanche, quelque faible qu’il fût, servit
néanmoins à enhardir les hommes à fouler aux pieds le sabbat de
l’Eternel. Tous ceux qui désiraient pactiser avec le monde acce-
ptèrent la fête populaire.
L’affermissement de la papauté et l’exaltation du dimanche pro-
gressent parallèlement. Pendant quelque temps, les gens de la cam-
pagne continuèrent à s’occuper de leurs travaux en dehors des heures
du culte, et le septième jour fut encore considéré comme le jour du
repos. Mais, graduellement, un changement se produisit. On dé-
fendit aux magistrats, le dimanche, de prononcer aucun jugement
sur des causes civiles. Bientôt les gens de toute catégorie reçurent
l’ordre de s’abstenir de toute œuvre servile, sous peine d’amende
pour les hommes libres, et de la flagellation pour les serviteurs. Plus
tard, les dispositions de la loi exigèrent que les riches coupables
abandonnassent la moitié de leurs biens et que, s’ils s’obstinaient à
transgresser le dimanche, ils fussent réduits en servitude. Les gens
des classes inférieures étaient punis d’un exil perpétuel.
On eut aussi recours aux miracles. On rapporte, entre autres,
qu’un fermier, qui se disposait un dimanche à aller labourer et qui
nettoyait sa charrue avec un outil de fer, vit cet outil s’attacher à sa
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main et y rester pendant deux ans, à sa grande douleur et à sa grande
honte
Plus tard, le pape ordonna aux curés de paroisse de réprimander
les transgresseurs du dimanche et de les inviter à aller faire leurs
prières à l’église sous peine des pires calamités pour eux et leurs
voisins. Un synode ecclésiastique avança l’argument, si souvent
employé depuis, même par des protestants, d’après lequel des gens
travaillant le dimanche avaient été frappés par la foudre, ce qui
prouvait que ce jour devait être le jour du repos. “Cela montre avec
évidence, disaient les prélats, que grande doit être la colère de Dieu
contre ceux qui profanent ce jour.” Un appel fut ensuite adressé aux
prêtres, aux rois, aux princes et aux fidèles, les invitant à “faire tous
1.
Eusèbe de Césarée,
Commentaire sur le Psaume 92 (Patrologie Migne
, tome XXIII,
col. 1172. Petit Montrouge, Paris 1887).
1. Francis West,
Historical and Pratical Discourse on the Lord’s Day
, p. 147.