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Chapiter 35 — Les visées de la papauté
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du moulin s’était arrêtée malgré la formidable pression de l’eau.
Une femme qui avait mis sa pâte au four la ressortit sans qu’elle fût
cuite, bien que le four fût très chaud. Une autre femme, qui était
sur le point d’enfourner son pain le samedi à la neuvième heure et
qui avait décidé d’attendre jusqu’au lundi, le trouva, le lendemain,
cuit à point par la puissance divine. Un homme qui avait fait cuire
du pain après la neuvième heure le samedi, eut la surprise, quand
il le coupa le matin suivant, d’en voir sortir un flot de sang. C’est
par des inventions et des absurdités de ce genre que les partisans du
dimanche s’évertuaient à lui attribuer un caractère sacré
En Ecosse et en Angleterre, on finit par obtenir une grande vé-
nération pour le dimanche en lui adjoignant une partie de l’ancien
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sabbat. Mais la durée du temps à sanctifier variait. Un édit du roi
d’Ecosse déclarait qu’il fallait considérer comme saint le samedi
depuis midi, et que, “dès cette heure jusqu’au lundi matin, personne
ne devait s’occuper d’affaires séculières
.
En dépit de tous les efforts faits en vue d’établir la sainteté du
dimanche, des papistes eux-mêmes reconnaissaient publiquement
la divine autorité du sabbat et l’origine humaine de l’institution qui
l’avait supplanté. Une décision papale du seizième siècle déclare
expressément : “Tous les chrétiens doivent se souvenir que le sep-
tième jour, consacré par Dieu, fut reconnu et observé non seulement
par les Juifs, mais aussi par tous les autres prétendus adorateurs de
Dieu. Quant à nous, chrétiens, nous avons changé leur sabbat et lui
avons substitué le jour du Seigneur
” Ceux qui frelataient ainsi la
loi de Dieu et se mettaient délibérément au-dessus de son Auteur,
n’ignoraient pas la gravité de leur acte.
On trouve un exemple frappant de la tactique de Rome à
l’égard des insoumis dans la longue et sanglante persécution dirigée
contre les Vaudois, dont quelques-uns étaient observateurs du sabbat.
D’autres endurèrent également des souffrances pour leur fidélité au
quatrième commandement. L’histoire des églises d’Ethiopie est ca-
ractéristique. Au sein des ténèbres du Moyen Age, perdus de vue par
le monde, ces chrétiens de l’Afrique centrale avaient joui, des siècles
durant, de la liberté de servir Dieu selon leur foi. Mais Rome finit par
1.
Voir Roger de Hoveden,
Annals
, vol. II, p. 528-530 (éd. Bohn).
1. Morer,
Dialogues on the Lord’s Day, 290, 291
.
2.
Dialogues on the Lord’s Day, 281, 282
.