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La Tragédie des Siècles
ou obtenir sa faveur ; comme si Dieu était semblable aux hommes,
prêt à s’irriter pour des bagatelles, ou à se laisser attendrir par des
cadeaux ou des pénitences ! L’Evangile était perdu de vue, tandis
qu’on multipliait les cérémonies religieuses et qu’on accablait le
peuple d’exactions rigoureuses.
Alors même que le vice régnait jusque dans les rangs des chefs
de la hiérarchie, l’influence de l’Eglise romaine allait croissant. Vers
la fin du huitième siècle, on prétendait que les évêques de Rome
avaient possédé dès les premiers temps de l’Eglise toute la puissance
spirituelle dont ils se réclamaient. Et comme il fallait donner à cette
affirmation une apparence de véracité, le père du mensonge fut tout
prêt à en suggérer le moyen. Des moines forgèrent de toutes pièces
des écrits que l’on donna pour très anciens. Des décrets de conciles
dont on n’avait jamais entendu parler établissaient la suprématie du
pape depuis les temps les plus reculés. Une Eglise qui avait rejeté la
vérité accueillit ces fraudes avec empressement
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Perplexes devant le fatras des fausses doctrines qui leur barraient
la voie, les quelques fidèles qui bâtissaient sur le vrai fondement
étaient tentés de dire, comme les constructeurs des murailles de
Jérusalem au temps de Néhémie : “Les forces manquent à ceux qui
portent les fardeaux, et les décombres sont considérables ; nous ne
pourrons pas bâtir la muraille
” Las de lutter contre la persécution,
la fraude, l’iniquité et toutes les subtilités imaginées par Satan, plu-
sieurs — par amour de la paix comme pour sauvegarder leurs biens
et leur vie — se découragèrent et abandonnèrent le sûr fondement
de la foi. D’autres, sans se laisser intimider par l’opposition de leurs
ennemis, disaient hardiment : “Ne les craignez pas ! Souvenez-vous
du Seigneur, grand et redoutable !” Et ils allaient de l’avant, ayant
“chacun... en travaillant... son épée ceinte autour des reins
.
Dans tous les temps, le même esprit de haine et d’opposition à la
vérité a inspiré les ennemis de Dieu, et le même esprit de vigilance
et de fidélité a été nécessaire à ses serviteurs. Jusqu’à la fin, ces
1. Voir Appendice.
1.
1 Corinthiens 3 :10, 11
.
2.
Néhémie 4 :10
.
3.
Néhémie 4 :14, 18
;
Ephésiens 6 :17
.