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Chapiter 3 — L’apostasie
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paroles de Jésus à ses premiers disciples seront opportunes : “Ce
que je vous dis, je le dis à tous : Veillez
Les ténèbres semblaient s’épaissir encore. Le culte des images
devenait plus général. On allumait des cierges devant les statues, et
on leur offrait des prières. Les cérémonies les plus absurdes s’ajou-
taient au culte. La superstition exerçait un tel empire sur les esprits
que la raison semblait avoir abdiqué. Les prêtres et les évêques étant
eux-mêmes sensuels, corrompus, amateurs de plaisirs, le troupeau,
imitateur de ses guides, était naturellement plongé dans le vice et
l’ignorance.
Au onzième siècle les prétentions de la papauté s’accrurent
considérablement lorsque Grégoire VII proclama l’inerrance de
l’Eglise romaine. Ce pape affirmait que, conformément aux Ecri-
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tures, l’Eglise n’avait jamais erré et n’errerait jamais. Aucune preuve
tirée de l’Ecriture n’accompagnait son assertion. L’orgueilleux pon-
tife s’arrogea aussi le pouvoir de déposer les empereurs ; il déclara
que ses sentences ne pouvaient être annulées par personne, tandis
qu’il avait la prérogative, lui, d’annuler les décisions de tous
Un exemple frappant de la tyrannie de cet avocat de l’infaillibilité
est le traitement qu’il infligea à l’empereur d’Allemagne, Henri IV.
Pour avoir osé méconnaître l’autorité du pape, ce souverain avait été
excommunié et déclaré déchu de son trône. Terrifié par l’abandon
et les menaces de ses princes, encouragés par le pape à se révolter
contre lui, l’empereur se vit réduit à la nécessité de se réconcilier
avec Rome. Au cœur de l’hiver, accompagné de sa femme et d’un
fidèle serviteur, il franchit les Alpes pour aller s’humilier devant le
pape. Arrivé au château où le pontife s’était retiré, il fut conduit,
sans ses gardes, dans une cour extérieure, où, exposé aux rigueurs
de l’hiver, nu-tête, nu-pieds et misérablement vêtu, il dut attendre
que le pape l’autorisât à paraître en sa présence. Ce n’est qu’après
trois jours de jeûne et de confession qu’Henri IV obtint son pardon,
et cela encore à la condition d’attendre le bon plaisir du pape pour
reprendre les insignes et les prérogatives de la royauté. Grégoire,
enivré de ce succès, déclara que son devoir était d’abattre l’orgueil
des rois.
4.
Marc 13 :37
.
1. Voir Appendice.