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Chapiter 4 — Les Vaudois du Piémont
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nous aux Saxons le chemin de la vie, vous recevrez de leurs mains
le coup de la mort
” Ces menaces n’étaient pas vaines. La violence,
l’intrigue et la fraude furent mises en œuvre contre les témoins de la
vérité évangélique jusqu’à ce que les églises d’Angleterre fussent
détruites ou soumises à l’autorité du pape.
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Dans d’autres pays situés en dehors de la juridiction de Rome,
vivaient des groupes de chrétiens qui avaient presque complètement
échappé à l’apostasie papale. Entourés de païens, ils avaient, au
cours des siècles, accepté quelques-unes de leurs erreurs ; mais ils
continuaient de considérer le saint Livre comme leur unique règle
de foi et de vie, et restaient fidèles à bon nombre de ses enseigne-
ments. Ces chrétiens croyaient à la perpétuité de la loi de Dieu, et
observaient le repos du quatrième commandement. On trouvait des
églises de ce type en Afrique centrale et parmi les Arméniens de
l’Asie Mineure.
Les Vaudois du Piémont sont les mieux connus parmi ceux qui
résistèrent aux séductions de Rome. C’est dans le pays même où
la papauté avait établi le siège de son autorité qu’elle rencontra la
résistance la plus ferme et la plus constante. Les églises du Piémont
maintinrent leur indépendance durant des siècles ; mais le temps vint
où Rome exigea leur soumission. Après une lutte stérile contre sa
tyrannie, les chefs vaudois reconnurent, à contrecœur, la suprématie
d’un pouvoir auquel le monde entier semblait rendre hommage.
Néanmoins, une minorité déterminée à rester fidèle à Dieu, et à
conserver la pureté et la simplicité de sa foi, refusa de reconnaître
l’autorité du pape et des prélats. Une scission eut lieu. Des partisans
de l’ancienne foi quittèrent leur patrie alpestre et allèrent porter
ailleurs leur croyance ; d’autres se réfugièrent dans les cavernes des
montagnes, où ils conservèrent la liberté d’adorer Dieu.
La foi pratiquée et enseignée pendant des siècles par les chrétiens
vaudois formait un contraste frappant avec les erreurs de Rome. Elle
était fondée sur la Parole de Dieu, source du vrai christianisme.
Ces humbles paysans, vivant loin du monde, dans leurs retraites
sauvages, absorbés par le soin de leurs troupeaux et de leurs vignes,
n’étaient pas d’eux-mêmes parvenus à la vérité qu’ils opposaient
aux hérésies et aux dogmes de l’Eglise apostate. Cette vérité n’était
1. Merle d’Aubigné,
Histoire de la Réformation au XVIe siècle
, liv. XVII, ch. II.