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La Tragédie des Siècles
pas une acquisition récente. Ils l’avaient héritée de leurs pères, et ils
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luttaient pour conserver la foi de l’Eglise apostolique, “la foi qui a
été transmise aux saints une fois pour toutes
. L’Eglise du désert,
et non l’orgueilleuse hiérarchie trônant dans la capitale du monde,
constituait la véritable Eglise du Christ, gardienne de la précieuse
vérité confiée au peuple de Dieu pour l’humanité.
Quand Rome s’était séparée de la véritable Eglise, elle avait
surtout obéi à sa haine pour le sabbat des Ecritures. Conformément
à la prophétie, la puissance papale avait jeté la vérité par terre. La loi
de Dieu avait été foulée aux pieds et les traditions et coutumes des
hommes avaient été élevées à sa place. Les églises qui admettaient
l’autorité du pape avaient été de bonne heure contraintes d’honorer le
dimanche. Environnés par l’erreur et la superstition, plusieurs enfants
de Dieu avaient été si troublés que, tout en observant le sabbat, ils
s’étaient abstenus de travailler le dimanche. Mais cela ne satisfaisait
pas la papauté ; elle exigeait non seulement que le dimanche fût
sanctifié, mais que le samedi fût profané, et elle dénonçait dans les
termes les plus violents ceux qui osaient l’honorer. Ce n’est qu’en
fuyant pour échapper à l’autorité de la papauté qu’il était possible
d’obéir à la loi de Dieu.
Les Vaudois du Piémont furent parmi les premiers en Europe à
posséder une traduction des saintes Ecritures
Des siècles avant la
Réformation ils avaient une Bible manuscrite en leur propre langue.
Mais le fait qu’ils avaient entre les mains le Livre de la vérité at-
tira tout particulièrement sur eux la haine de la Babylone apostate
de l’Apocalypse, et ce fut au péril de leur vie qu’ils se dressèrent
contre ses falsifications. Sous la pression d’une persécution prolon-
gée, plusieurs, de guerre lasse, finirent par abandonner peu à peu les
grands principes de leur foi, tandis que d’autres restèrent fidèlement
attachés à la vérité. Pendant des siècles de ténèbres et d’apostasie,
conservant leur foi en face de l’opposition la plus féroce, ils refu-
sèrent de reconnaître la suprématie papale, dénoncèrent le culte des
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images comme une idolâtrie et observèrent le vrai jour de repos.
Bien que poursuivis par l’épée des ducs de Savoie, et menacés des
1.
Jude 1 :3
.
2. Voir Appendice.