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Chapiter 4 — Les Vaudois du Piémont
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bûchers de Rome, ils demeurèrent les inflexibles défenseurs de la
Parole et de la gloire de Dieu.
C’est à l’abri des pics altiers de leurs montagnes — asile sécu-
laire des opprimés et des persécutés — que les Vaudois trouvèrent un
lieu de refuge, et que la lumière de l’Evangile continua de briller au
milieu des ténèbres du Moyen Age. C’est là que pendant un millier
d’années ces témoins de la vérité conservèrent la foi primitive.
Dieu avait ménagé à son peuple un sanctuaire grandiose qui
cadrait parfaitement avec la vérité dont celui-ci avait le dépôt. Aux
yeux de ces exilés, leurs montagnes étaient un emblème de l’in-
altérable justice de Jéhovah. Montrant à leurs enfants la majesté
immuable de leurs sommets, ils leur parlaient de “celui en qui il n’y
a ni variation, ni ombre de changement”, et dont la parole est aussi
ferme que les collines éternelles. C’est la main du Tout-Puissant,
leur disaient-ils, qui a planté ces montagnes, et qui seule est capable
de les ébranler. C’est lui aussi qui a établi sa loi comme base de
son gouvernement dans le ciel et sur la terre. Le bras de l’homme
peut s’abattre sur son semblable et lui ôter la vie ; mais il serait
aussi difficile à ce même bras de déraciner les montagnes et de les
précipiter dans la mer que de changer un iota ou un trait de la loi de
Jéhovah, ou de supprimer la moindre des promesses laissées à ceux
qui font sa volonté. Il faut donc que votre attachement à sa loi soit
aussi inébranlable que les rochers.
Les monts qui entouraient leurs humbles vallées étaient un témoi-
gnage permanent de la puissance créatrice de Dieu, et une assurance
constante de ses soins. Aussi ces pèlerins apprenaient-ils à aimer les
symboles silencieux de la présence de Jéhovah. Ils ne se plaignaient
nullement de leur pénible sort, et jamais ils ne se sentaient seuls dans
leurs sauvages solitudes. Ils remerciaient Dieu de leur avoir préparé
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un asile contre la fureur et la cruauté des hommes, et appréciaient le
privilège de pouvoir adorer librement leur Créateur. Souvent pour-
suivis par leurs ennemis, ils trouvaient une sûre protection dans leurs
montagnes. Du haut des rochers inaccessibles, ils faisaient entendre
des chants d’actions de grâces que les armées de Rome ne pouvaient
faire cesser.
La piété de ces disciples du Christ était pure, simple, fervente. Ils
attachaient plus de prix aux principes de la vérité qu’à des maisons,
à des terres, voire à leurs amis, à leurs parents, à leur propre vie. Et