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Chapiter 4 — Les Vaudois du Piémont
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Par leur pureté et leur simplicité, les églises vaudoises rappe-
laient l’Eglise des jours apostoliques. Rejetant l’autorité des papes
et des prélats, elles ne reconnaissaient comme leur règle suprême
et infaillible que le texte des saintes Ecritures. Contrairement aux
prêtres de Rome, leurs pasteurs suivaient l’exemple du Maître qui
était venu “non pour être servi, mais pour servir”. Ils paissaient le
troupeau de Dieu et le conduisaient aux verts pâturages de sa Pa-
role. Loin de la pompe et de l’orgueil des hommes, on s’assemblait,
non pas dans des temples luxueux ou dans de magnifiques cathé-
drales, mais à l’ombre des monts, dans quelque combe alpestre, ou
encore, en cas de danger, dans quelque caverne de la montagne pour
y écouter la parole de la vérité. Le pasteur ne se contentait pas de
prêcher l’Evangile, il visitait les malades, instruisait les enfants, re-
prenait les égarés, s’efforçait d’aplanir les différends et de maintenir
la concorde et l’amour fraternel. En temps de paix, le barbe, comme
on l’appelait, était entretenu par les offrandes volontaires des fidèles ;
mais, comme Paul, le faiseur de tentes, il apprenait quelque métier
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ou profession pour subvenir, le cas échéant, à ses propres besoins.
Les pasteurs servaient en outre d’instituteurs. Sans négliger les
connaissances générales, ils donnaient la première place à la Bible
dans leur programme d’études. On y apprenait par cœur les évan-
giles de saint Matthieu et de saint Jean, ainsi que plusieurs épîtres.
On s’y occupait aussi à copier la Parole de Dieu. Certains manus-
crits contenaient cette Parole tout entière ; d’autres, seulement une
partie, à laquelle ceux qui en étaient capables ajoutaient de simples
commentaires. C’est ainsi que des trésors de vérité sortaient de
l’obscurité dans laquelle les avaient si longtemps maintenus ceux
qui cherchaient à s’élever au-dessus de Dieu.
Par un travail inlassable, accompli parfois dans de profondes et
sombres cavernes et à la lumière des torches, l’Ecriture sainte était
transcrite, verset par verset, chapitre par chapitre, et la vérité révélée,
plus étincelante que l’or le plus pur, brillait d’un éclat accru par les
épreuves que ces vaillants ouvriers avaient subies pour elle.
Satan avait inspiré à la papauté la pensée d’enfouir la vérité
sous les décombres de l’erreur et de la superstition ; au lieu de cela,
elle fut, au cours de ces longs siècles de ténèbres, miraculeusement
conservée dans son intégrité, portant non pas le sceau de l’homme,
mais celui de Dieu.