Page 65 - La Trag

Basic HTML Version

Chapiter 4 — Les Vaudois du Piémont
61
foi. Il arrivait même que les principes de la vérité se répandaient dans
l’école entière, sans que les enquêtes les plus minutieuses fussent
capables de révéler les fauteurs de l’“hérésie”.
L’esprit de Jésus-Christ est un esprit missionnaire. Le premier
désir d’un cœur régénéré est d’amener d’autres âmes au Sauveur.
[73]
Telle était l’aspiration de ces chrétiens. Ils savaient que Dieu ne
leur demandait pas seulement de garder intact dans leurs églises le
dépôt de la vérité. Ils portaient la responsabilité solennelle d’éclairer
ceux qui croupissaient dans les ténèbres. Aussi s’efforçaient-ils, par
la puissance de la Parole de Dieu, de briser les chaînes que Rome
avait forgées. Les pasteurs vaudois étaient appelés à être mission-
naires : tout jeune homme qui aspirait aux fonctions pastorales devait
faire ses premières armes en qualité d’évangéliste. Avant de se voir
confier la direction d’une église, il devait travailler trois ans dans
quelque champ missionnaire. Cette préparation, qui exigeait un es-
prit de renoncement et de sacrifice, était une bonne initiation à la vie
pastorale, vie hérissée d’épreuves à cette époque. Les jeunes gens
consacrés en vue de ce ministère avaient pour perspectives, non la
fortune ou la gloire, mais une vie de fatigues et de dangers, avec
l’éventualité du martyre. Comme les disciples envoyés par Jésus,
ces missionnaires partaient deux à deux. Le jeune débutant était
généralement accompagné d’un homme d’âge mûr et d’expérience
chargé de son éducation. Ces collaborateurs n’étaient pas toujours
ensemble, mais ils se rencontraient souvent pour se consulter, pour
prier et s’affermir mutuellement dans la foi.
Dévoiler leur mission eût été courir au-devant de la défaite. Aussi
ces évangélistes, cachant avec soin leur objet, s’acquittaient de leur
mandat sous le manteau protecteur d’un métier ou d’une profession.
Généralement, ils se présentaient comme marchands ambulants ou
colporteurs. “Ils vendaient de la soie, des bijoux et d’autres articles
que l’on ne pouvait alors se procurer que dans des centres éloignés.
En leur qualité de marchands, ils recevaient un accueil empressé là
où ils auraient été repoussés comme missionnaires
” Ils deman-
daient sans cesse à Dieu la sagesse nécessaire pour faire connaître un
[74]
trésor plus précieux que l’or et les perles : le Livre de Dieu, dont ils
portaient secrètement sur eux des exemplaires complets ou partiels.
1. Wylie,
History of the Waldenses
, liv. I, ch. VII.