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Chapiter 5 — Jean Wiclef
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religieuse. La discipline intellectuelle qu’il avait acquise dans les
écoles s’ajoutait aux armes qu’il tirait de la Parole de Dieu et le
mettait à même de comprendre la tactique des savants. Son génie
et sa science lui valaient à la fois le respect de ses amis et de ses
ennemis. Ses partisans voyaient avec satisfaction que leur champion
supportait avantageusement la comparaison avec les plus grands
penseurs du pays. Aussi ses adversaires n’eurent-ils pas l’occasion
de discréditer la cause de la Réforme en alléguant l’ignorance ou la
faiblesse de ses défenseurs.
A cette époque, les Livres saints n’existaient que dans des
langues mortes et n’étaient accessibles qu’aux savants ; mais certains
d’entre eux avaient trouvé dans les Ecritures la grande doctrine de
la grâce de Dieu et l’avaient incorporée à leur enseignement. De là,
elle s’était répandue au-dehors, et plusieurs avaient été amenés à
sonder les oracles de Dieu. La voie du futur réformateur se trouva
ainsi préparée.
Lorsque son attention fut appelée sur les Ecritures, il en entreprit
l’étude avec la même conscience qu’il avait apportée à celle du
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programme universitaire. Après avoir éprouvé des aspirations que ni
la scolastique, ni les enseignements de l’Eglise n’avaient pu assouvir,
il trouva dans la Bible ce qu’il avait vainement cherché ailleurs. Il
y découvrit le plan de la rédemption, et contempla en Jésus-Christ
l’unique Avocat de l’homme auprès de Dieu. Dès lors, se donnant
tout entier au service du Seigneur, il prit la résolution de proclamer
les vérités qu’il avait découvertes.
Comme sa lutte avec Rome n’était point un acte délibéré, Wiclef,
pas plus que les réformateurs qui lui succédèrent, ne vit immédiate-
ment où son œuvre devait le conduire. Mais son ardeur pour la vérité
ne pouvait manquer de l’entraîner dans un conflit. D’ailleurs, plus
il discernait les errements de la Papauté, plus il mettait de ferveur
à sonder les Ecritures. Convaincu que les traditions humaines im-
plantées. par Rome avaient supplanté la Parole de Dieu, il en accusa
hardiment le clergé. Il demanda que la Bible fût rendue au peuple
et que l’Eglise reconnût à nouveau son autorité. Ce fut un puissant
docteur, un prédicateur éloquent. Sa connaissance des Ecritures, la
puissance de son raisonnement, la pureté de sa vie, son courage
indomptable et son intégrité lui gagnaient l’estime et la confiance
de tous : prompt à discerner l’erreur, il dénonçait avec hardiesse les