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Chapiter 5 — Jean Wiclef
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Christ dans sa vie et dans son caractère, et que tous ensemble ils
puissent marcher fidèlement sur ses traces
En manifestant ainsi la douceur et l’humilité de Jésus devant le
pape et ses cardinaux, Wiclef démontrait au monde entier le contraste
existant entre ces derniers et le Maître qu’ils prétendaient représenter.
Le réformateur avait la conviction que sa vie serait le prix de
sa fidélité. Le roi, le pape et les évêques étaient unanimes pour
le condamner : quelques mois à peine, selon toutes prévisions, le
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séparaient du bûcher. Mais son courage demeurait inébranlable.
“Que parlez-vous, disait-il, d’aller chercher au loin la palme des
martyrs ? Annoncez la parole de Christ à de superbes prélats, et le
martyre ne vous manquera pas. Vivre et me taire, jamais ! Que le
glaive suspendu sur ma tête tombe ! J’attends le coup
Cette fois encore, Wiclef échappa à ses ennemis. Celui qui, sa
vie durant s’était hardiment déclaré pour la vérité au milieu des
plus grands périls, ne devait pas tomber victime de la haine de ses
ennemis. Jamais Wiclef n’avait pensé à se défendre, mais Dieu avait
été son protecteur ; et maintenant que ses ennemis croyaient le tenir,
il le plaçait hors de leur atteinte. Alors que le réformateur se disposait
à présider un service de communion dans son église de Lutterworth,
il eut une attaque de paralysie, dont il mourut peu après.
Le Dieu qui avait assigné à Wiclef sa tâche, et placé ses paroles
dans son cœur, avait veillé sur sa personne, et prolongé sa vie jus-
qu’à ce que fussent jetées sûrement les bases du grand œuvre de la
Réforme.
Sortant des ténèbres du Moyen Age, Wiclef n’avait pu appuyer
son œuvre de réforme sur aucun prédécesseur. Appelé, comme Jean-
Baptiste, en vue d’une mission spéciale, il fut le fondateur d’une
ère nouvelle. Pourtant, sa conception de la vérité présente un degré
d’unité et de perfection que les réformateurs subséquents n’ont
jamais surpassé, et que certains, venus un siècle plus tard, n’ont pas
même atteint. Les fondements jetés par ses mains étaient si larges,
si profonds et si solides, que ses successeurs n’eurent pas la peine
de les poser à nouveau.
1. Foxe,
Acts and Monuments 3 :49, 50
.
1. Merle d’Aubigné, ouv. cité, liv. XVII, chap. VIII.