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Chapiter 6 — Hus et Jérôme
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diffusion de l’Evangile contribuaient à lui donner plus de publicité
encore. “Car nous n’avons pas de puissance contre la vérité ; nous
n’en avons que pour la vérité
“Il semble qu’à cette époque, Hus était en proie à un douloureux
conflit. Quoique l’Eglise cherchât à le terrasser par ses foudres, il
n’avait pas rejeté son autorité. L’Eglise romaine était encore pour lui
l’épouse du Christ, et le pape le représentant et le vicaire de Dieu.
C’est contre l’abus de cette autorité, et non contre son principe, que
Hus était parti en guerre. De là un violent conflit entre les convictions
de son esprit et les protestations de sa conscience. Si l’autorité papale
était légitime et infaillible, comme il le croyait, comment se faisait-il
qu’il se sentît poussé à lui résister ? Obéir, il s’en rendait compte,
serait commettre un péché ; mais pourquoi l’obéissance à une Eglise
infaillible le plaçait- elle dans cette impasse ? Telle était l’énigme
qu’il ne pouvait résoudre ; tel était le doute qui le harcelait sans
répit. Finalement, il comprit qu’il se trouvait devant une répétition
de ce qui était arrivé au temps du Sauveur, à savoir que les prêtres
de l’Eglise s’étaient pervertis et se servaient d’un pouvoir légitime
en faveur de desseins illégitimes. Cette pensée l’amena à adopter
et à proposer à d’autres cette règle de conduite : les maximes et les
préceptes des saintes Ecritures doivent diriger notre conscience ; en
d’autres termes, Dieu, parlant par sa Parole, et non l’Eglise parlant
par les prêtres, est le seul guide infaillible
Dès que l’agitation se fut apaisée à Prague, Hus retourna à sa
chapelle de Bethléhem, où il reprit ses prédications avec plus de zèle
et de courage que jamais. Ses ennemis étaient actifs et puissants,
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mais la reine, plusieurs membres de la noblesse et une bonne par-
tie de la population lui accordaient leur soutien et leur amitié. En
comparant ses purs enseignements et sa vie sainte avec les dogmes
dégradants que prêchaient les disciples de Rome, et l’avarice et le
dérèglement de leur vie, plusieurs s’honoraient d’être de son parti.
Jusqu’alors, Hus avait été seul à la tâche ; mais à partir de ce
moment, Jérôme de Prague qui, pendant un séjour en Angleterre,
avait accepté les enseignements de Wyclef, devint son collaborateur.
Unis désormais pour la vie, ils devaient l’être aussi dans la mort.
2.
2 Corinthiens 13 :8
.
3. Wylie, liv. III, chap. II.