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Chapiter 6 — Hus et Jérôme
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En vue de remédier aux maux qui désolaient l’Europe, l’empe-
reur Sigismond demanda à l’un des trois papes rivaux de convoquer
un concile général à Constance. Jean XXIII
était loin de voir d’un
bon œil la réunion de ce concile. En effet, il redoutait l’examen de sa
vie intime et de sa politique, même devant ces hommes aux mœurs
relâchées qu’étaient les ecclésiastiques de l’époque. Il n’osa pas,
toutefois, s’opposer à la volonté de l’empereur
Les deux grands objets du concile étaient de mettre un terme au
schisme de l’Eglise et d’extirper l’hérésie. En conséquence, les deux
antipapes, aussi bien que le principal propagateur des idées nou-
velles, Jean Hus, furent sommés de comparaître devant l’assemblée.
Les deux premiers, craignant pour leur sécurité, s’y firent représenter
par des délégués. Jean XXIII, qui avait convoqué le concile, ne vint
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à Constance qu’avec de vives appréhensions. Il soupçonnait l’empe-
reur de nourrir secrètement le projet de le faire déposer, et redoutait
fort d’être appelé à répondre des vices qui avaient déshonoré sa tiare,
aussi bien que des crimes qui lui en avaient assuré la possession.
Il fit néanmoins son entrée à Constance en grande pompe, escorté
des membres du haut clergé et d’une suite de courtisans. Sa tête
était protégée par un baldaquin doré soutenu par quatre notables.
On portait l’hostie devant lui. L’éclat du cortège était rehaussé par
les riches costumes des cardinaux et de la noblesse. Le clergé et
les magistrats de la ville allèrent à la rencontre du pape pour lui
souhaiter la bienvenue.
Un autre voyageur approchait en même temps de Constance.
C’était Hus. Conscient des dangers qui le menaçaient, il avait dit à
ses amis un dernier adieu, et s’était mis en route, convaincu qu’il se
dirigeait vers le bûcher. Bien qu’il eût obtenu un sauf-conduit du roi
de Bohême et en eût reçu un autre, en cours de route, de l’empereur
Sigismond, il avait pris toutes ses dispositions en vue de sa mort
probable.
Dans une lettre à ses amis de Prague, il écrivait :
“Mes frères... je pars ; muni d’un sauf-conduit du roi, je vais au-
devant de nombreux et mortels ennemis. ... Je me confie entièrement
au Dieu tout-puissant et en mon Sauveur ; j’espère qu’il exaucera
3. Jean XXIII (
Balthazar Cossa, 1360-1419
).
4. Voir Appendice.