Page 75 - Vers un meilleur Avenir (2000)

Basic HTML Version

La liberté de conscience menacée
71
tinaient à transgresser le dimanche, ils fussent réduits en servitude.
Les gens des classes inférieures étaient punis d’un exil perpétuel.
On eut aussi recours aux miracles. On rapporte, entre autres,
qu’un fermier, qui se disposait un dimanche à aller labourer et qui
nettoyait sa charrue avec un outil de fer, vit cet outil s’attacher à sa
main et y rester pendant deux ans, à sa grande douleur et à sa grande
honte Francis West,
Historical and Pratical Discourse on the Lord’s
Day, 147
.
[72]
Plus tard, le pape ordonna aux curés de paroisse de réprimander
les transgresseurs du dimanche et de les inviter à aller faire leurs
prières à l’église sous peine des pires calamités pour eux et leurs
voisins. Un synode ecclésiastique avança l’argument, si souvent
employé depuis, même par des protestants, d’après lequel des gens
travaillant le dimanche avaient été frappés par la foudre, ce qui
prouvait que ce jour devait être le jour du repos. “Cela montre avec
évidence, disaient les prélats, que grande doit être la colère de Dieu
contre ceux qui profanent ce jour.” Un appel fut ensuite adressé aux
prêtres, aux rois, aux princes et aux fidèles, les invitant à “faire tous
leurs efforts pour que ce jour fût honoré comme il convenait et que,
pour le bien de la chrétienté, il fût plus religieusement observé à
l’avenir” (Thomas Morer,
Discourse in six Dialogues on the Name,
Notion and Observation of the Lord’s Day, 271
, ed. 1701).
Les décrets des conciles ne suffisant pas, on sollicita des autorités
civiles un édit propre à jeter la terreur dans les cœurs, et à contraindre
tout le monde à suspendre ses occupations le dimanche. Dans un
synode tenu à Rome, toutes les dispositions précédentes furent ré-
itérées avec plus de force et de solennité, puis incorporées aux lois
ecclésiastiques, et imposées par l’autorité civile dans presque toute
l’étendue de la chrétienté (Heylyn,
History of the Sabbath
, IIe partie,
chap. V, sect. 7).
Néanmoins, l’absence de toute autorité scripturaire en faveur de
ce jour constituait une lacune embarrassante. Les fidèles contestaient
à leurs conducteurs le droit de rejeter, pour honorer le jour du soleil,
cette déclaration positive de L’Eternel : “Le septième jour est le
jour du repos de l’Eternel, ton Dieu.” D’autres expédients étaient
nécessaires.
Vers la fin du douzième siècle, un zélé propagateur du dimanche,
visitant les églises d’Angleterre, rencontra de fidèles témoins de la