Page 76 - Vers un meilleur Avenir (2000)

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Vers un meilleur Avenir
vérité qui lui résistèrent. Il eut si peu de succès dans la défense de
sa thèse qu’il quitta le pays en quête de meilleurs arguments. Ayant
trouvé ce qu’il cherchait, il revint à la charge, et fut plus heureux. Il
apportait avec lui un rouleau qu’il prétendait être descendu directe-
ment du ciel, qui contenait le commandement ordonnant l’observa-
tion du dimanche, accompagné de menaces terrifiantes à l’adresse
des récalcitrants. Ce précieux document — aussi faux que l’insti-
tution qu’il était destiné à établir — était, disait-on, tombé du ciel
à Jérusalem, sur l’autel de Saint-Siméon à Golgotha. En réalité, il
provenait des officines pontificales, à Rome, où la fraude et les faux
ayant pour but la prospérité de l’Eglise ont toujours été considérés
comme légitimes.
Ledit rouleau interdisait tout travail depuis la neuvième heure
(trois heures de l’après-midi), le samedi, jusqu’au lundi au lever du
soleil. Son autorité était, disait-on, attestée par plusieurs miracles.
On racontait que des personnes travaillant après les heures prescrites
avaient été frappées de paralysie. Un meunier qui faisait moudre son
grain avait vu sortir, au lieu de farine, un torrent de sang, et la roue
du moulin s’était arrêtée malgré la formidable pression de l’eau.
Une femme qui avait mis sa pâte au four la ressortit sans qu’elle fût
cuite, bien que le four fût très chaud. Une autre femme, qui était
sur le point d’enfourner son pain le samedi à la neuvième heure et
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qui avait décidé d’attendre jusqu’au lundi, le trouva, le lendemain,
cuit à point par la puissance divine. Un homme qui avait fait cuire
du pain après la neuvième heure le samedi, eut la surprise, quand
il le coupa le matin suivant, d’en voir sortir un flot de sang. C’est
par des inventions et des absurdités de ce genre que les partisans du
dimanche s’évertuaient à lui attribuer un caractère sacré (voir Roger
de Hoveden,
Annals 2 :528-530
, éd. Bohn).
En Ecosse et en Angleterre, on finit par obtenir une grande vé-
nération pour le dimanche en lui adjoignant une partie de l’ancien
sabbat. Mais la durée du temps à sanctifier variait. Un édit du roi
d’Ecosse déclarait qu’il fallait considérer comme saint le samedi
depuis midi, et que, “dès cette heure jusqu’au lundi matin, personne
ne devait s’occuper d’affaires séculières” Morer,
Dialogues on the
Lord’s Day, 290, 291
.
En dépit de tous les efforts faits en vue d’établir la sainteté du
dimanche, des papistes eux-mêmes reconnaissaient publiquement